Ceux qui aiment prendront le train, les autres…
Longtemps, je me suis levé de bonne heure.
Hier aussi, pour aller prendre le train. Il partait vers 8.20 pour un trajet de 2.30. Hélas, nous avons été immobilisés en pleine voie au bout de quelques dizaines de minutes : on avait heurté un animal., un chevreuil pour être exact. Moralité : Je suis revenu à mon point de départ à 16.00 le même jour sans jamais avoir réussi à atteindre ma destination. Huit heures dans le train, dans un sens, puis dans le sens inverse avec un TGV spécialement affrété pour nous ramener, nous les malheureux passagers du train maudit de 8.20.
Vous me direz : encore la preuve que la chasse a des avantages. Certes. Mais il n’y avait pas que ce malheureux chevreuil qui a démoli la locomotive de tête de mon train : c’était manifestement hier l’armageddon à la SNCF : cables arrachés, caténaires sabotés, animaux percutant les trains.
Notre TGV de substitution a lui-même accusé 30 minutes de retard. Et mon téléphone portable m’indiquait que des accidents similaires survenaient sur d’autres tronçons du réseau. Visiblement, il y avait aussi pas mal d’animaux car j’ai vu des pauvres Rémois qui se sont pris… un cerf … (le papa du mien ?)
La Guerre du Rail
Si je vous raconte ceci, c’est parce que je viens d’être sensibilisé brutalement aux problèmes que connaît la SNCF actuellement.
Je ne sais pas vous, mais j’ignore ce que c’est un caténaire. Je sais même pas où cela se trouve, et ce que ça mange. Que le réseau ait pu être victime, plusieurs jours de suite, ou comme hier en plusieurs endroits simultanés, d’accidents ou de pannes, montre bien évidemment deux choses : il ne s’agit pas de malveillances. Il s’agit d’une programmation délibérée visant à ruiner la rentabilité de la société. Les seuls remboursements et réparations de la journée d’hier vont sans doute coûter très cher. J’ajoute que ces actes ne sont pas, pour le moment, revendiqués.
Or, comme je l’expliquais, ce n’est pas le commun des mortels qui peut savoir où frapper, comment utiliser quels outils pour démolir tel ou tel point du réseau, et qui sait se déplacer sur le territoire incognito. Les saboteurs du rail sont soit des anciens, soit des actuels employés de la compagnie.
C’est doublement inquiétant : premièrement, en l’absence de revendication politique, il faut en conclure que le but est de détruire pour détruire, et donc de fragiliser financièrement l’entreprise. Deuxièmement, on se demande à quel niveau d’esprit de propriété il faut arriver pour oser considérer la société qui l’embauche comme « sa » chose. Car pour moi, je ne vois qu’une explication crédible, en l’absence de concurrent de la société : il s’agit d’empêcher l’inéluctable transformation de la SNCF en société privée en démolissant ses marges financières.
Le Rail rejoint la cohorte des autres secteurs, comme le Livre ou certains ports autonomes, ou encore le trafic maritime, où le sentiment d’impunité de quelques petits seigneurs gauchistes finit par leur faire mélanger lutte syndicale et délinquance de droit commun.
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