Didier Lapeyronnie
Editions Robert Laffont,2008
Le ghetto est désormais une réalité française. Un livre-choc qui réveille les consciences.
Dans les années 1980, les banlieues françaises ne pouvaient être considérées comme des ghettos en raison de leur mixité sociale et de l’absence d’organisation propre. Aujourd’hui, la situation a beaucoup évolué : le renforcement de la ségrégation urbaine et de la discrimination raciale, l’accroissement considérable du chômage et la formation d’une organisation sociale spécifique aux quartiers ségrégés, marquée notamment par toute une culture de la rue portée par les jeunes, par la rupture de la communication entre les sexes et par l’usage endémique de la violence, autorisent désormais à parler de ghetto, notamment dans la mesure où le racisme y joue un rôle central.
Le ghetto se construit aussi de l’intérieur. Il est un territoire urbain à part dans lequel la population a élaboré un mode de vie particulier, un contre-monde spécifique qui la protège collectivement de la société extérieure. Ces dernières années, et notamment depuis les émeutes de l’automne 2005, les quartiers populaires se sont refermés sur eux-mêmes. Leur organisation et leur ambiance sont devenues autoréférentielles, tournées vers l’intérieur de la cité, une économie souterraine et de trafics divers s’est développée, comme si tout un travail d’isolement était collectivement engagé.
À la tête d’une large équipe de chercheurs, Didier Lapeyronnie a enquêté cinq ans sur le terrain. Il a interviewé plusieurs centaines de personnes afin de dégager le plus précisément possible la logique du ghetto et les vérités quotidiennes de ceux qui y vivent. Une enquête magistrale.
Didier Lapeyronnie est professeur de sociologie à l'université Paris-IV et membre du CADIS (Centre d’analyse et d’intervention sociologiques). Il travaille en particulier sur les marginalités, les villes et les migrations. Il est notamment le coauteur, avec Alain Touraine et Michel Wieviorka, du Grand Refus, réflexions sur la grève de décembre 1995 (Fayard, 1996).