par Chambolle
A cette époque paradisiaque, l’essentiel de la population était prié de se mettre au travail dès l’âge de quatorze ans. Suivait un temps plus ou moins long d’apprentissage où, entre les queues de cerises du salaire et les coups de pied au cul du patron ou des compagnons, le nouveau travailleur devenait peu à peu opérationnel. Suivait une vie professionnelle pendant laquelle les trimestres de cotisations s’accumulaient. Enfin, on atteignait soixante-cinq ans. Après le pot offert par la maison et, selon les cas, le fauteuil à bascule, la canne à pêche ou la boîte à outils payés par la collecte des copains et collègues, on allait pouvoir « profiter de sa retraite ».
Manque de chance, mis à part quelques exceptions d’autant plus remarquées qu’elles étaient rares, les nouveaux rentiers ne « profitaient » pas très longtemps. Les statistiques sont formelles, ils trépassaient massivement dans les deux ou trois ans suivants leur changement d’état, plus heureux quand même, que leurs assez nombreux collègues qui pour des raisons diverses, accidents et maladies professionnelles, usure, alcoolisme et tabagisme, n’étaient jamais parvenus aux soixante-cinq ans fatidiques. C’est pourquoi les administrateurs et des hauts fonctionnaires des ministères de tutelle des régimes de retraites vivaient heureux. Leurs caisses étaient pleines car il n’y avait guère de retraités.Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? En repoussant l’âge de départ à la retraite à soixante-dix ans, les députés sarkozystes ont décidé, de reprendre cette bonne vieille recette. Leur solution est à la fois écologique (quoi de plus naturel que la mort) et, comme le prouve le passé, économiquement fiable. Elle manque pourtant d’audace. Les enquêtes de l’INSEE le montrent, ce n’est pas à soixante-dix mais à quatre-vingts ans qu’UMP et Nouveau Centre auraient dû fixer leur limite. D’ailleurs, pendant qu’ils y étaient, et pour éviter d’avoir à y revenir, n’aurait-il pas été plus logique de supprimer toute espèce de règle et de décréter que dorénavant, le travail, c’est à perpétuité.
Il est toujours difficile de tenir une promesse électorale. Rendons au Président et à sa majorité cette justice qu’ils font tout pour que le slogan magique « Travailler plus pour gagner plus » devienne une réalité. Trente-cinq heures désintégrées, travail du dimanche banalisé, retraite repoussée à la saint Glinglin, les salariés vont, c’est certain, « travailler plus ». Quant au second terme de la proposition, il faut être à la fois réaliste et juste. On ne peut pas tout avoir et pour ce qui est de « gagner plus » il y a les patrons à parachutes dorés et leurs actionnaires.
Tout juste peut-on s’en consoler, si on est un grincheux dans mon genre, en pensant qu’un linceul n’ayant pas de poches, ils ne l’emporteront pas au paradis.
Chambolle
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 09 novembre à 12:33
Détrompez vous, vous n'êtes pas le seul à analyser de cette façon, ce qui s'organise pour l'avenir et à faire des comparaisons avec le passé... Ce n'est pas être grincheux que de mettre de temps en temps "les pieds dans le plat", car tout le monde perd de vue la manière dont la vie s'organisait il y a plusieurs années. bien amicalement
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