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Le mariage civil au Liban: le droit de dire OUI

Publié le 08 novembre 2008 par Rim
A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution. [Déclaration universelle des droits de l’homme: Article 16 ]
Le mariage civil (ou mariage à la mairie) est une forme de mariage étatisée dans lequel une autorité publique reconnaît la validité de l'union de deux personnes. Il se distingue donc du mariage religieux ou du mariage coutumier en ce qu'il officialise civilement une union.
Au Liban, le mariage civil continue de faire couler beaucoup d’encre, provoquant une levée de boucliers chaque fois que le sujet est évoqué.
Devenu un véritable rituel, le voyage à Nicosie (Chypre) est désormais le chemin obligé des candidats au mariage civil, mais pas le seul. Ceci ne résoud pas une partie du poblème, puisque, devant la société (toute confession confondue), le couple reste illégitime, et les mariés sont souvent exclus du cercle sacré de la communauté.

Au Liban, la notion de mariage civil est apparue en 1936, sous le mandat français. Toutefois, le mariage civil est limité puisqu'il ne concerne que les citoyens ayant contracté un mariage civil hors du Liban. Ainsi, le Liban reconnaît les mariages civils étrangers, mais sur le territoire libanais seul le mariage religieux est possible.
Parler du mariage civil c'est aborder les trois points suivants:

- L'aspect formel du mariage: qui est l’aspect contractuel du mariage : Passer ou non par une formule du mariage (dans le cas du mariage civil : « je te prends comme …»).
- L'identité de la future épouse : les seules conditions du mariage civil sont la puberté, la maturité et l'âge adulte tels qu'ils sont universellement reconnus. Dans le mariage religieux ceci est plus compliqué. Dans l’Islam, l’homme a le droit d’épouser une femme chrétienne ou juive (du Livre) mais pas athée, ni suivant une autre religion (bouddhisme, hindouisme), ni ne suivant aucune religion. Pour la femme musulmane la situation est encore plus compliquée, puisqu’elle n’a pas le droit d’épouser un non musulman. En revanche les chrétiens sont interdits d’épouser une non-chrétienne. Être baptisé est obligatoire pour le mariage à l’église.
- Le contrat de mariage : dans le mariage civil l’annulation ou la rupture (divorce) est du ressort des lois civiles des États. Dans l’Islam le contrat de mariage est régi par la charia mais aussi par une jurisprudence qui varie en fonction de la confession au sein de l’Islam (chiites, sunnite, et les ramifications au sein de chaque confession). L'Église maronite considère le mariage comme indissoluble, sauf par la mort. L'Eglise orthodoxe, moins rigide sur ce sujet, ne reconnaît pas le mariage civil.


Aspect jurdique du mariage civil:


Contracté à l’étranger, le mariage civil produit tous les effets juridiques qui y sont liés, tels que l’inscription à l’état civil, la légitimité des enfants nés de ce mariage et « le seul principe » du droit à la succession (c’est à dire que les enfants issus de ce mariage peuvent bénéficier de l’héritage). Toutefois, et c’est là où commencent les complications, c’est la loi religieuse et non civile qui s’applique aux modalités de cet héritage, et ce chez toutes les communautés confondues. Quant aux formalités de la dissolution du mariage, Il faut savoir que selon que l’on se marie à Chypre, en France, en Turquie ou aux États-Unis, la loi diffère à chaque fois et ce ne sont pas les mêmes règles civiles qui s’appliquent.
Le droit de choisir
Le droit du citoyen doit rester préservé au-delà de toute considération confessionnelle ou politicienne. Le mariage civil est donc un besoin prioritaire et l'un des droits de la personne. Par conséquent, tout retard pris pour son institution est une violation flagrante de ce droit et un renforcement du système confessionnel basé sur la discrimination entre les citoyens.
Mais au Liban, chaque fois que le sujet du mariage civil est évoqué, de vigoureuses protestations se sont élevées, qualifiant le projet et ceux qui le soutiennent de "libertinage" et d’"athéisme". Chaque fois qu'ils sentent leurs privilèges menacés, les religieux toutes confessions confondues se mettent d'accord (pour une fois, sans doute l’unique) sur une même position, dirigeant leurs attaques contre le courant laïque qui « menace les valeurs morales et sociales ».

Esclave, soulève-toi
« Aimez-vous les uns les autres »… A-t-on le droit de persévérer dans cette hypocrisie sociale ? Doit-on attendre un nouveau Mai 68 (2068 !) pour voir souffler un air de liberté (qui n’a rien de commun avec le libertinage) sur un pays qui continue à se déchirer dans une cohésion multiconfessionnelle des plus complexes !

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