La suite du palpitant récit de JBM et Carl-André au Japon... (début: ici)
"Nous sommes lundi et nous marchons beaucoup. Akasaka et Nihombashi, autour de Tokyo Station : un quartier d'affaires construit autour de la bourse, qui tremble à notre passage (-10% dans la journée. Faut pas nous emmerder, nous), le palais impérial et ses jardins, une trotte puis Roppongi et ses ensembles construits sur une petite colline de Tokyo, où historiquement avaient poussé 6 arbres. A leur place, on a trouvé la Mori Tower, dont l'observatoire en hauteur offre un superbe panorama, ainsi que l'accès à un musée d'art moderne réputé. L'expo du moment : "One of the most reknown French artist of our times, Annette Messager", qui mélange oiseaux empaillés et peluches démembrées dans ses installations. Ok, Annette.
Roppongi est aussi un quartier de nuit. Les soldats ricains basés au Japon ont un temps colonisé l'endroit - moins d'uniformes aujourd'hui, mais encore pas mal de rades un temps destinés à divertir les bidasses. La nuit tombée, quand on est Blanc, on a droit aux rabatteurs. Tous les rabatteurs locaux sont Noirs et tous les Noirs locaux sont rabatteurs. Probablement un code couleur souhaité par les patrons Jaunes des strip clubs, histoire de simplifier les rôles...
Rabatteur #1, au galop à notre gauche, agrippé à un de nos bras : "Hey man, 'ssup? Cool spot, aye? Americans? Wanna see some boobs?"
Carl, continuant à marcher : "No thanks, we good."
Rabatteur #2, qui fait l'extérieur droit : "C'mon guys! Shame on you! Show me love!"
Carl, explosant de rire : "Show you love? Très bon, ça !"
Rabatteur #3, coté à 4 contre 1 : "Hein ? Vous parlez français ??"
Et ça se finit en poignées de main, accolades et bières. Notre premier meilleur-ami-tokyoïte est guinéen et gagne sa vie en rameutant les australiens bourrés du coin dans un strip joint de philippines. Sweet.
Mardi file vite, entre notre nouvel hôtel à Ginza, quartier d'ambassades et de boutiques de luxe à l'architecture de luxe, et Akihabara, la "ville électrique". Un ensemble d'une dizaine de blocs où le néon est roi. On y vend à toute heure de la hi-fi, de la micro et de la téléphonie dans une lumière crue, au milieu des galeries de jeux du quartier que peuplent des garçons accros et un poil autistes, faut reconnaître. Parce que passer plus de 6 minutes dans ces salles d'arcade blafardes et (vraiment) assourdissantes, c'est comme dormir paisiblement contre un caisson de basses en boîte : ça demande une bonne dose de zen et une vraie capacité d'abstraction. Mais la vie est bien faite, nos amis autistes ne sont pas perdus à Akihabara : ils ont les Maid Cafés ! Yipee!
Carl définit le maid café comme "une version timide du strip club". C'est un bar de nuit tout ce qu'il y a de plus normal quand on y entre, sauf que le personnel est uniquement féminin et déguisé en écolières un jour, infirmières le lendemain, héros de manga le soir d'après... Les filles rigolent tout le temps, sautillent souvent et parlent avec tendresse aux quelques clients qui osent lever le nez de leur console portable pour causer avec une vraie personne au moins une fois dans la journée. Un petit chaperon rouge nous apporte deux mousses, pouffe en japonais, case un "no english" dans son monologue, pivote de droite à gauche limite frénétiquement et tape des mains, la mine enjouée, avant de repartir en mimant une marelle au sol.
Carl-André : "C'est très phat comme concept, hein ?"
A suivre...