Occident
Ô vous, grandes villes,
érigement de pierres
parmi la plaine !
Muet, le sans-patrie
s’en va, front sombre, où vont le vent
et les arbres chauves de la colline…
Ô fleuves qui là-bas vous perdez dans la nuit !
Un immense effroi se convulse
aux lueurs cramoisies
des nues catastrophiques !
Ô peuples en agonie !
Une lame blême
se fracasse au bord des ténèbres,
– des étoiles tombent –
Georg Trakl, in Anthologie de la Poésie allemande, des origines à nos jours, tome 2, choix, traduction, notice par René Lasne, édition bilingue, Stock, 1951, p. 217.
Ce texte est la troisième strophe du poème « Abendland »
En voici une autre traduction, suivie de l’original allemand
Occident
en hommage à Else Lasker-Schüller.
III
Ô grandes villes
Bâties de pierre
dans la plaine !
Avec quel mutisme il suit
Le vent, l’apatride
Au front sombre,
Et les arbres dépouillés sur la colline.
Ô fleuves s’enténébrant au loin !
Angoissant
L’atroce soleil couchant
Dans la nuée d’orage.
Ô peuples qui meurent !
Vague blême
Qui se brise sur la grève de la nuit
Chute d’étoiles
Georg Trakl in Anthologie bilingue de la poésie allemande, Gallimard / La Pléiade, édition établie par Jean-Pierre Lefebvre, 1993, traduction Marc Petit et Jean-Claude Schneider, p. 973
Abendland
III
Ihr großen Städte
Steinern aufgebaut
In der Ebene !
So sprachlos folgt
Der Heimatlose
Mit dunkler Stirne dem Wind,
Kahlen Bäumen am Hügel.
Ihr weithin dämmernden Ströme !
Gewaltig ängstet
Schaurige Abendröte
Im Sturmgewölk.
Ihr sterbenden Völker !
Bleiche Woge
Zerschellend am Strande der Nacht,
Fallende Sterne
Georg Trakl dans Poezibao :
Bio-bibliographie
de Georg Trakl,
extrait
1, extrait
2,
Le musicien Philippe Hersant s’est inspiré de
Georg Trakl pour Der Wanderer, une pièce du disque Œuvres chorales
(par le chœur de chambre « Les Eléments » sous la direction de Joël
Suhubiette) dans sa version choeur d’hommes et piano, une sorte de « barcarolle
funèbre qui s’achève sur une vision de fin du monde » autour des vers :
« Il s’en revient et chemine sur la rive verte,
se balançant sur une petite gondole noire
à travers la ville en ruine »
« Jener kehrt wieder und wandelt an grünem Gestade,
Schaukelt auf schwarzem Gondelschiffchen
durch die verfallene Stadt.
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