Barry, Barack, Baby Face… C'est étonnant le nombre de petits noms que le nouveau président élu des Etats-Unis trimballe avec lui. Mais c'est encore plus étonnant de voir le nombre de personnes qui se souviennent de l'avoir côtoyé. Il faut dire que lui et sa famille recomposée ont pas mal vadrouillé avant que le futur 51e Président des States ne finisse par poser ses valises à Chicago, Illinois. Du coup, des tas de gens pavoisent ou connaissent leur heure de gloire en proclamant à qui veut l'entendre qu'ils ont connu Barack tout petit et que déjà, il voulait que ça « change, now ». La télévision française a montré récemment un reportage sur Nyang’oma Kogelo, village du Kenya d'où est originaire son père et où réside encore une partie de sa famille. Chacun avait mis son habit de cérémonie tout frais repassé et sortait des phrases de circonstances, genre « si on nous avait dit qu'il serait un jour Président, on aurait éclaté de rire ». A part ça, c'était amusant de voir les caméras de CNN filmées par France 3, puis le même reportage vu de CNN.
Evidemment, d'autres ont essayé de tirer la couverture à eux. Ainsi, sur Youtube, on peut voir des anciens élèves de l'école du quartier de Menteng, à Jakarta (Indonésie), où Barack Obama a été en classe, enfant. Sa mère s'était remarié avec un étudiant indonésien, Lolo Soetoro. Un de ses anciens copains de classe se rappelle qu'il « voulait déjà être président et que ça nous faisait bien rire ». Barack avait six ans quand il est arrivé et à peine dix quand il est parti. Ça sent un peu le souvenir fabriqué, mais bon, c'est sympathique. Ce qui est sûr, c'est qu'un fan club local composé d'anciens camarades de classe s'est fait prendre en photo devant un panneau "Good luck Barry" (son surnom dans la cour de l'école). Copainsdavant, c'est déjà une plaie. Le pauvre Obama devra en plus se farcir les photos les copains d'avant après.
Cela dit, je me demande une fois de plus (ça devient une habitude, sur ce blog), pourquoi on s'est arrêté là. Comme nul ne l'ignore, Barack Obama a été éducateur social dans un quartier sud de Chicago nommé Bronzeville. D'abord délicatement surnommé le Ghetto, ce coin déshérité a adopté, à partir de 1930, le nom de "Bronzeville" pour exprimer la fierté d'appartenir à cette communauté composée en grande majorité de noirs, et aussi pour atténuer cette caractéristique : une partie des Noirs américains évitent de se référer à eux-mêmes en se désignant comme "black" (Alors qu'en France on dit "Black" pour éviter de dire "noir". Mais c'est un autre sujet). Je suppose donc que les collègues de l'époque de "Baby face" (son surnom à l'époque) ont dû former maintenant une association de soutien au candidat et un groupe sur facebook. Si on les interroge, ils diront aussi que Baby Face voulait déjà être président. Et que ça les faisait bien rire. Ils vont sûrement aussi en profiter pour demander quelques subventions. Ça le fera peut-être moins rigoler, maintenant que l'Etat, c'est lui.
Sa grand-mère maternelle, Madelyn Dunham, décédée le 3 novembre 2008 (et qui n'a donc pas vu son petit-fils bouter George Bush hors du bureau ovale), a des origines cherokees. Ce serait bien le diable si un vague cousin, une nièce par alliance ou l'ancienne petite amie du fils du garagiste de ses aïeux ne ramènent pas sa science un de ces jours sur les plateaux de télé, pour nous expliquer que Barack, Barry, Baby Face était vraiment un gars comme ça et que même que tout petit déjà, il disait qu'il serait président des Indiens. Et qu'ils étaient écroulé de rire en l'entendant. Pour des gens qui n'ont pas hésité, en mars 2007, à voter à 77 %, pour l'expulsion des descendants, notamment métis, d'anciens esclaves Africain-américains de leur nation indienne, je rirais moins. Je me ferais même petit, si j'étais à leur place...
Photos : Courtesy of The Bancroft Library. University of California, Berkeley.