Le langage de la guerre

Publié le 07 novembre 2008 par Desiderio

Cette année, les commémorations autour de la Première Guerre mondiale ont une couleur particulière. D'abord, ce sont les premières sans la présence d'un seul ancien combattant. Ensuite, il me semble que le régime actuel fait tout pour célébrer les moindres batailles ou libérations des dernières offensives de 1918. Je ne compte plus le nombre de cérémonies officielles dans le plus petit village de ce champ de guerre que fut mon département. Certes, il s'agit d'un chiffre rond, le nonantième anniversaire, mais cela augure alors mal du centième qui dépassera tout. Bref, le sous-ministre aux Anciens Combattants se dépense sur tous les fronts de province pour les hommages qui préparent le 11-Novembre. Jamais le mémoriel n'avait atteint un tel degré. Et d'un autre côté le patrouillotard Hervé Chabaud s'en donne à coeur joie dans l'Oignon où il a pages ouvertes dès qu'il est question de sabre. L'inflation des ouvrages sur cette sale guerre menace aussi la librairie, les vitrines regorgent de témoignages, de chroniques, d'albums et on ne sait plus où donner de la tête. C'est un peu l'indigestion. Le ministère de la Défense, lui, a ouvert un nouveau site, après celui consacré aux soldats morts ou disparus, et bon... dans le flot de la propagande militariste avec ses figures symboliques, on trouve une partie un peu intéressante qui consiste en un lexique où l'on retrouve quelques mots issus de l'étude d'Albert Dauzat sur l'argot des poilus, mais hélas mélangés à des termes techniques liés à la stratégie ou aux fortifications. Le mélange des époques et des sujets* n'est pas des plus heureux et malheureusement on ne retrouve pas la productivité langagière de cette période.

* Est-il utile de définir bafouille ? Oui, si l'on veut montrer que ce mot est né dans les tranchées, comme beaucoup d'autres mots familiers que l'on ne remarquera pas. Non, s'il est isolé et si l'on ne donne pas d'autres mots illustrant la vie quotidienne de ce temps ou bien les mots désignant la réalité meurtrière considérée du point de vue de la troupe.