Magazine Culture
Julie WOKLENSTEIN, L'Excuse, P.O.L., Paris, 2008 (345 pages).
Comme je j'écrivais dans un récent message, j'aimais bien ce roman; les cent premières pages environ; ensuite j'ai eu un long passage à vide pendant lequel je passais de l'agacement à l'exaspération, une autre grosse centaine de pages; puis, l'intrigue reprenant un peu de vigueur, j'ai filé allègrement jusqu'à la conclusion. La boucle est bouclée.
D'entrée de jeu, j'ai été séduit par l'idée qu'un personnage de roman, Nick, croie qu'un épisode de sa vie, ses rapports avec sa « cousine », Lise Beaufort, suit la trame d'un autre roman, Portrait de femme, d'Henry James, dont personnage principal, Isabel Archer, annonce, comme une prophétie, la vie de celle-ci.
L'histoire se passe de nombreuses années après la mort de Nick, quand Lise revient à Nantuket, après avoir hérité la propriété où ils se sont, jadis, rencontrés. Suit un jeu de piste, une sorte de chasse au trésor. Roman dans le roman, roman sur le roman, fiction et réalité. Tout va bien. C'est un très bon exemple de roman à tiroirs, les deux personnages s'affrontant au delà de la mort sur la fiction et la réalité. Encore qu'on pourrait bien dire que tout cela est très -- trop -- travaillé : l'auteur enseigne la littérature comparée et est une spécialiste d'Henry James...
Et pourquoi cette écriture « genre cool » toute dégingandée ? Cela fait très « parlé », mais vite on s'agace de ces phrases cousues d'inversions, aux relatives en suspens et à la grammaire approximative.
Pendant le passage à vide, je pensais, songeant au commentaire que je ferais, que je vous conseillerais d'ignorer le roman de Wolkenstein au profit de celui de James. Je n'irai pas, le livre lu, si loin : à cette réserve sur le style près, ce roman est étourdissant.
P.S. L'auteur utilise souvent le terme « persoc », emprunté à la science-fiction, pour désigner un téléphone portable. Devrait-t-on suivre son exemple ?