Tant mieux. Ségolène Royal a déjoué les pronostics, les militants socialistes, même un peu fatigués de tout cela, ont montré que, plus ou moins, ils n'étaient pas vraiment satisfaits du status quo à l'intérieur de leur parti.
Tant mieux. Je parlais l'autre jour de l'attente que nous, peuple de gauche, commencions à avoir vis-à-vis des dirigeants et des (ir)responsables de gauche, attente rendue plus vive par tout le symbolisme de la victoire d'Obama. Mais même sans Obama, cette attente était légitime, naturelle. Elle aurait dû être assourdissante, si nos médias écoutaient un peu plus les militants et un moins les chefs et sous-chefs. Le fait que Ségolène Royal était si longtemps, pendant des mois, présentée par les médias comme la grande perdante du vote d'hier soir est là pour nous rappeler à quel point la représentation dominante de la politique dépend des avis d'un tout petit groupe d'élus. Et pour nous rappeler qu'ils peuvent se tromper.
Le succès et Ségolène Royal et celui, tout relatif, de Benoît Hamon, montrent aussi que les militants du PS ne veulent pas reprendre les mêmes pour recommencer. La page du jospinisme commence à tourner.
Malgré un taux d'abstention assez élevé, les militants n'ont pas, la plupart du temps, voté selon des consignes féodales. La direction actuelle est sanctionnée. Tant mieux. C'est l'intérêt des élections : les chefs ne peuvent pas décider des resultats à l'avance. Marc Vasseur s'inquiète tout de même :
Deuxième source d'inquiétude pour moi, la balkanisation du PS. En effet, j'ai énormément de mal à comprendre, ou trop bien, les écarts à la moyenne des différentes motions dans certaines fédérations... Bouches du Rhône, Nord, Pas de Calais, la liste est longue où ces écarts sont supérieurs à 30%... pour moi ce n'est pas une bizarrerie ou la faute à pas de chance ; c'est le signe d'une démocratie interne qui va mal très mal et la trop grande prégnance des élus et des potentats locaux.
Aujourd'hui je suis d'humeur optimiste. La féodalité du PS n'est pas morte, mais on peut quand même espérer que ce vote contre la direction, contre les attentes de la direction, contre le dauphin choisi par François Hollande, fera que les nouveau responsables seront désormais de prêter un peu plus d'attention aux militants en les considérant moins comme des pions à placer que comme une interface avec la société.
Je suis optimiste aussi parce qu'il me semble que Ségolène Royal semble avoir compris que le PS doit s'agrandir, devenir un parti de masse. Rendre le statut de militant plus accessible, ouvrir les portes et les fenêtres aux sympathisants : voilà ce qui pourrait endiguer la tendance dangereuse d'une notabilisation du parti.