Quelque chose de foudroyant. Non. De fulgurant. Ce n'était que du cinéma. Mais il y avait ce quelque chose qui faisait qu'on y était. Dedans. Concerné. Révolté.
Quelque chose du moment de grâce qui vous étreint alors que vous ne vous y attendiez pas, l'oeil vaguement inquiet, intrigué plutôt, après avoir porté votre choix sur cette femme. Seule, assurément. Terriblement seule. Avec vous. Pour vous.
"Seule" est un film que j'ai regardé l'autre jour sur une chaîne de télévision française. J'ai peine à m'en remettre. Tellement l'histoire et l'actrice qui la porte ont été bouleversantes.
Quelque chose de glacial et de brûlant à la fois, par la caméra restitué, au-delà des mots, bien au-delà. Il est des langages qui passent par le silence et les regards, les mains tremblantes et les coeurs qui n'en peuvent mais. Il est des plans larges et blancs secs comme des coups de triques. Un froid qui n'est pas enrobage. Mais intérieur rendu visible.
Seule évoque un thème dont on parle peu peut-être parce qu'ils nous causent trop. C'est si difficile d'en penser quelque chose. Ca débarque parfois dans les faits divers, surtout par les temps qui courent. Je veux parler du "suicide professionnel". Je m'excuse d'ailleurs d'utiliser le terme "ça".
Le film raconte l'itinéraire violent et violé d'une épouse qui perd son mari vaincu par la pression. Trop de pression. Pas celle qui se boit avec mousse dans grands verres mais celle qui se subit avec peine dans le gris du béton. Celle qui vous use, vous tait, vous absente et finit, ici, par vous jeter par la fenêtre. Celle, ensuite, qui vous atomise le désir de savoir, fait douter de l'humanité des entreprises et de la vie professionnelle puisque tout finit par voler en éclats. Bris de verre plutôt que solidarité. Chacun cache son magot. Chacun s'arrange du réel. Elle, la seule, elle ne le peut pas. Et finit par ne pas le vouloir non plus. Elle veut comprendre. Et ne comprend que trop.
La douleur, l'incompréhension, la solitude, la prise de conscience : film itinéraire porté à fleur de peau par une actrice magnifique : Barbara Schulz.
Le film a ce mérite : il sensibilise à l'horreur professionnelle. Est-ce utile ? Est-ce raisonnable ? Oui, et oui !
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