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Barack Obama et la jeunesse américaine

Publié le 07 novembre 2008 par Jarousseau

J'ai attendu quelques jours pour réagir à l'élection de Barack Obama. Quelques jours nécessaires pour mesurer l'ampleur de cet évènement et surtout les enseignements que nous pouvons en tirer. Bien sûr comme beaucoup de monde, les scènes de liesses, l'immense rassemblement de Chicago, les larmes de joie Jessie Jackson m'ont beaucoup ému. L'accession d'un noir à la Maison Blanche est évidemment l'évènement le plus notable de cette élection.


Ce fait "révolutionnaire" n'aurait jamais été possible sans la participation électorale massive. Ce sont les jeunes qui ont fait la différence en se mobilisant très fortement dans cette élection. Par cette très forte participation, ils ont envoyé un message fort au monde, un message de paix. C'est une belle promesse pour l'avenir, pour la vitalité démocratique aux Etats-Unis. La résignation dominait jusqu'alors dans l'électorat noir, jeune et pauvre. Désormais, c'est le sentiment que le vote peut déterminer l'issue d'un scrutin comme l'a déclaré le rappeur P. Diddy.
Tout au long de cette campagne, les jeunes Américains se sont secoués. Le prochain président américain, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, doit beaucoup aux jeunes. Dans son discours de la victoire, mardi 4 novembre au soir à Chicago, il leur a d’ailleurs rendu hommage, saluant cette « jeunesse qui a rejeté le mythe de l’apathie de sa génération ». Grâce à l’effet Obama, plus de 22 millions d’Américains de moins de 30 ans sont allés s’inscrire pour voter le 4 novembre, un record. Il y a quatre ans, ils n’avaient pas atteint la barre de 20 millions. Si leur taux de participation, autour de 50 %, reste inférieur à la moyenne, il est en forte progression, avec au moins 8 points de plus qu’en 2000. Et c’est cette tranche d’âge qui a donné au prochain locataire de la Maison-Blanche sa plus confortable avance : 66 % des voix, contre 32 % pour John McCain. Même si les plus jeunes ont tendance à pencher plus à gauche, les précédents prétendants démocrates avaient fait nettement moins bien. John Kerry, en 2004, n’avait recueilli que 54 % des votes des plus jeunes.
Cette mobilisation casse quelque peu les clichés habituels sur la « bof génération ». Cette génération, dont le tableau qui en est fait est rarement flatteur (télévision, internet, jeux vidéo, dialogues en ligne, Britney Spear...). Non, la jeune génération américaine n'est pas l'espèce de caricature que l'on voit sur MTV. Comme en Europe, elle croit en l'action collective. Cette génération a prolongé l'action de celui et de ceux, sans lesquels rien n'aurait été possible : Martin Luther King et les militants du mouvement des droits civiques. Avec cette élection, c'est je l'espère, une étape décisive de franchie pour le dépassement de la question raciale aux Etats-Unis. Cet évènement majeur doit permettre enfin de reposer la question sociale.
L'arrivée d'un noir à la magistrature suprême, de surcroît, jeune, n'ayant pas 25 ans de carrière politique derrière lui, doit nous interpeller. Ce qui est possible là-bas doit l'être chez nous. Je le répète, ce sont les jeunes qui ont faits la différence, et ce, en dépassant les questions communautaires.

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