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Mensonges d’Etat – Une vision critique des méthodes américaines

Par Bebealien

Le Moyen Orient présente un tissu géopolitique complexe. Tout le monde le sait. Sauf peut être les Américains qui avec leur arrogance naturelle cherchent à jouer les cow boys impérialistes. Mais la guerre en Irak s’enlisant, les mentalités évoluent quelque peu et les langues commencent à se délier. Mensonges d’Etat s’attaque de manière frontale aux méthodes américaines, et ca fait du bien.

Mensonges d’Etat – Titre pourri mais vrai bon film

Roger Ferris est un agent de terrain de la CIA, intervenant au Moyen-Orient. Une investigation sur une cellule terroriste l’amène en Jordanie. Il devra jongler entre les ordres parfois idiots d’un supérieur bien au chaud aux USA et le responsable des services secrets jordaniens. Sauf que, comme au poker, quand personne n’abat toutes ses cartes, la coopération peut s’avérer très dangereuse…

Une affiche manquant de manière flagrante d’originalité

Le cœur du film est de confronter la vision terrain des agents qui prennent des risques avec celle des analystes qui restent tranquillement planqués aux Etats-Unis et tirent des conclusions parfois hâtives et très souvent erronées. Ce que décrit Ridley Scott est un microcosme d’abrutis surdiplômés pensant tout savoir et considérant tout ce qui est loin géographiquement comme potentiellement sacrifiable.

On sait que Leo Di Caprio est un acteur engagé à gauche, n’hésitant pas hésité à intervenir régulièrement dans la campagne présidentielle pour pousses ses compatriotes au vote. Peu d’étonnement donc de le voir incarner cet agent de terrain qui va se faire broyer par la bêtise et l’ignorance de son supérieur et par une grosse machine qui se met à tourner toute seule finissant par échapper à tout contrôle.

Mark Strong et Leo en plein désert pour une leçon d’espionnage, très loin des moyens high tech utilisés par les américains

Car le film n’hésite pas à expliquer de manière explicite les manipulations commises sur des citoyens arabes lambda, visant à appâter des gros poissons, quitte à mettre l’appât en danger de mort. Une situation particulièrement horrible, car le sort malheureux qui leur est réservé ne serait pas le même s’ils étaient américains… Quiconque aura suivi au moins de loin la politique étrangère de l’administration Bush ne pourra qu’avoir un sentiment d’empathie envers ces victimes de guerre malheureuses.

Russel Crowe, analyste bedonnant, tranquillement planqué à Washington et ne mesurant pas les conséquences de ses décisions

Ridley Scott, en voulant éviter le manichéisme habituel (les gentils naméricains contre les méchants arabes) finit par tomber dans un autre (le gentil agent de terrain contre le méchant col blanc planqué à Washington) parfois caricatural mais étayant bien son propos. Car le message que veut faire passer le film est simple : les américains font non seulement du surplace dans leurs investigations sur les cellules terroristes au proche orient, mais ils empêchent également les renseignements locaux de bien faire leur travail… Une belle claque dans la figure de ces cowboys…

Un Léonardo barbu, parlant bien arabe, et prouvant une fois de plus qu’il est un bon acteur valant beaucoup plus que son image

Mensonges d’Etat reste un film complexe, avec un scénario touffu qui demande d’être bien attentif. Sans être un grand film, il reste appréciable par sa tentative de coller à la réalité, contrairement aux dernières productions traitant d’un sujet proche. Une belle charge contre les méthodes de l’administration Bush, mais qui manque parfois un peu de profondeur. Reste la découverte de Mark Strong, très convaincant dans son rôle de chef du renseignement jordanien. Mais dommage que le propos ne soit pas jusqu’au-boutiste et nous serve une fin plus optimiste que ce qu’on attendait…


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