Le comité de quartier « L’Entente Moufia-Bois de Nèfles » organisait samedi une journée de (re)découverte de la culture créole. Une occasion pour tous de se retrouver dans la « tradition lontan ».
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L’odeur des bonbons millet flotte dans l’air, sur fond d’accordéon et de « roulèr ». Le Moufia présente en ce samedi après-midi les facettes du patrimoine réunionnais. Plusieurs riverains exposent produits et savoirfaire : des plantes médicinales avec le stand « Tisane la Rénion i soigne tout’ maladie », de la cuisine, avec le stand « Vien ravaz la bouss’ ». Les enfants du quartier s’initient aux « jeux lontan » de leurs parents et grands-parents : la course dann’ gouni, la toupie lontan, la course à la roue, le kadok et ses petits cailloux, sans oublier les dominos pour les plus anciens. A la salle polyvalente des Eglantines, on retrouve exposées les sirandanes, devinettes créoles, tout près des portraits de grands artistes réunionnais, tels Nono Ducap ou Jules Arlanda.
« La kiltir menacée »
Au-delà d’une fête du créole, c’est aussi l’occasion pour les habitants de faire connaissance : « Le but aujourd’hui est de favoriser une dynamique de quartier, partager les savoir. La culture créole est menacée, il faut s’ouvrir sur les autres cultures et regarder la sienne, pour grandir plus forts », argumente Yvette Duchemann, qui a mis en place cette journée avec tous les bénévoles. Elle est également la chanteuse du groupe Alizé, qui s’est produit ce soir-là. L’autre initiateur de l’événement, François Batisto, renchérit : « Les Réunionnais sont résignés face à des cultures dominantes et impérialistes. Organiser cette journée est une façon de les rassurer ». Il poursuit : « Na un savoir-faire ancestral que nos grands-parents la laisse pou nou, et la pas été considéré. Nou na du mal à retrouv’ les vraies valeurs ». Les riverains sont unanimes face à une « déculturisation » des jeunes générations, et la nostalgie se fait parfois sentir.
« Faut rode l’histoire zot passé ! »
On entend près des ateliers de jeux : « Nou navé poin rien pou fé. Nou té rent’ dann un gouni é nou té saute dedan ». Et Rislaine, bénévole, d’ajouter : « Si mi bouge pas mes enfants zot i ress devant la télé, i faut zot i sar rode un peu l’histoire zot passé ! ». Ce passé, Robert Gauvin, auteur de « La Rényon Dann Ker » l’a refait vivre au travers de discussions animées et petites histoires. « Les universitaires la rent’ dann ron, lé un grand mouvement de coeur », juge l’enseignant. En fin de journée, petits et grands n’ont pas manqué d’apprécier la traditionnelle « batay kok », avant de profiter du kabar. Entre deux chansons de la troupe Lélé et du groupe Alizé, les marmay lancent, fiers d’eux, leurs propres « sirandanes » : « Kosa un loto rouge ek kat’ moun dedan ? », « Un Kit Kat ! » C’est aussi cela, le créole d’aujourd’hui…
Johanne CHUNG TO SANG
Etudiante en journalisme à Info-Com
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