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The Medium

Publié le 07 novembre 2008 par Porky

The Medium est un des opéras les plus connus de Gian Carlo Menotti, né en juillet 1911 en Italie et mort à Monte-Carlo le 1er février 2007. Il fut, dans les années 50, considéré notamment par le public américain comme le rénovateur du théâtre lyrique et ses œuvres connurent à l’époque un vif succès.

Ce succès tenait à trois faits : les opéras dont Menotti écrivait lui-même le livret étaient toujours des sujets tirés de la vie réelle, la musique était agréable et les mises en scènes originales et réalistes. On lui a parfois reproché de n’écrire que de la musique facile, destinée à plaire, à séduire ; les critiques musicaux n’ont pas toujours été tendres avec lui, mais le public, lui, l’a longtemps plébiscité.

Né dans une famille italienne de 11 enfants, Menotti reçoit de sa mère une première éducation musicale puis entre au conservatoire de Milan. A la mort de son père, toute la famille quitte l’Italie pour s’installer aux Etats-Unis. A Philadelphie, il termine ses études musicales. Il devient professeur de composition au Curtis Institute de Philadelphie. Il s’installe définitivement aux USA et commence une carrière de compositeur. Rapidement, ses opéras remportent un grand succès.

En bon italien, Menotti a une parfaite connaissance de l’art lyrique ; il sait également s’adapter aux exigences de l’opéra américain, alors en pleine révolution. Ses œuvres plaisent, parce qu’elles sont simples, réalistes, et souvent poignantes. Quant à la musique, elle est d’une saisissante expressivité et possède une rare puissance communicative.

En 1958, Menotti fonde le Festival des deux mondes à Spoleto en Italie et crée son équivalent en 1977 à Charleston en Caroline du sud. En 1974, il quitte les Etats-Unis pour s’installer en Ecosse. En 1992, il abandonne la direction du festival de Charleston et prend celle de l’Opéra de Rome, qu’il dirigera jusqu’en 1994. Dès lors à la retraite, il partage son temps entre l’Ecosse et Monte-Carlo.

De toute sa vie, Menotti n’a jamais cessé de composer ; des opéras, bien sûr, dont les plus célèbres sont The Medium (1946), The Telephone (1947), The Consul (1950) The Saint of Becker Street (1954). A cela, il faut ajouter des cantates dramatiques, un opéra bouffe, un opéra pour enfants, des musiques de ballet, des pièces orchestrales…

The Medium, opéra en deux actes, a été créé le 8 mai 1946 au Brander Matthews Th., Columbia University. La première à New York eut lieu en 1947 avec Evelyn Keller (Monica) et Marie Powers (Madame Flora).

A propos de cet opéra, Menotti écrivait : « Malgré son cadre étrange et ses conclusions macabres, The Medium est en fait un jeu d’idées. Il décrit la tragédie d’une femme prise entre deux mondes, un monde réel, qu’elle ne comprend pas parfaitement, et un monde surnaturel, auquel elle n’arrive pas à croire. Baba, (Madame Flora) le Médium, n’a aucun scrupule à duper ses clients… jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose qu’elle n’avait pas prévu. Cet incident insignifiant… brise la confiance qu’elle avait en elle-même et la rend presque folle de colère. »

En fait, l’idée de l’opéra lui est venue en 1936. Lors d’un séjour à Salzbourg, il est invité par quelques amis à une séance de spiritisme. Ce qui l’a marqué dans cette expérience, c’est moins son propre scepticisme que l’anxiété pathétique avec laquelle ses amis voulaient croire que l’esprit de leur fille décédée leur parlait par l’intermédiaire du médium. Il va reprendre cette anecdote dans l’opéra en créant le couple des Gobineau qui ont perdu leur fils alors qu’il n’était encore qu’un bébé et de Mrs Nolan dont la fille est brutalement décédée.

Le rôle de Toby, jeune muet, est généralement tenu par un danseur.

Argument - Acte I : le salon de Mme Flora, médium. Dans un coin de la pièce, on voit un théâtre de marionnettes ; dans un autre coin, une statue de la Vierge. Pas de fenêtre, heure du jour incertaine. Toby, jeune homme muet recueilli par Mme Flora, tire quelques morceaux d’une malle pour improviser un costume. La fille de Mme Flora, Monica, se coiffe en chantant pour elle-même. Le bruit de la porte qui claque les effraie et ils s’empressent de ranger le désordre créé par Toby. Apparaît Madame Flora (que Monica appelle « Baba »). Elle tance vertement les deux jeunes gens : « Combien de fois vous ai-je dit de ne pas toucher à mes affaires ? Est-ce que tout est prêt ? Evidemment, non. » Monica calme sa mère et ils se préparent pour la séance. Monica revêt une robe blanche tandis que Toby essaie les divers dispositifs du théâtre de marionnette, destinés à duper les clients.

Justement, les clients arrivent : Mrs Nolan et M et Mme Gobineau. La première n’est jamais venue tandis que les deux autres viennent depuis deux ans et expliquent à la nouvelle à quel point Mme Flora est merveilleuse. Mme Gobineau raconte leur histoire : leur fils s’est noyé très jeune dans la fontaine d’une maison qu’ils avaient en France. Mrs Nolan explique que sa fille est morte. Madame Flora entre, tout le monde s’installe autour de la table. Toutes les lumières sont éteintes, à l’exception de la bougie qui brûle devant la statue de la Madone. Baba gémit, et Monica apparaît tout doucement dans une lumière bleue en chantant. « Mother, mother, are your there ? » « Mère, mère, es-tu là ? » Mrs Nolan est persuadée qu’il s’agit de sa fille et pose quelques questions faciles ; les réponses la satisfont. Mais imprudemment, Monica évoque un bracelet en or que la fille de Mrs Nolan n’a jamais eu. Immédiatement, la vision disparaît.

Monica imite ensuite le rire d’un enfant, pour satisfaire les Gobineau. Tout à coup, Baba pousse un hurlement : « Who touched me ? » « Qui m’a touchée ? » Elle a senti une main glacée se poser sur sa gorge. Elle allume la lumière, chasse ses clients qui essaient de la rassurer et finissent par partir en chantant « mais pourquoi avoir peur de nos morts ? »

La terreur de Baba est à son paroxysme. Elle saisit Toby et essaie de lui faire porter la responsabilité du phénomène. Mais Toby, par gestes, affirme qu’il n’y est pour rien. Monica tente de la calmer et pour la rassurer, lui chante la chanson du Cygne Noir. (« Black Swan ») Brusquement, Baba a l’impression d’entendre des voix. Elle envoie Toby voir qui est là ; mais il n’y a personne. Elle tombe à genoux et se met à prier tandis que Monica entonne à nouveau les dernières mesures du Cygne Noir.

Acte II – Le même salon. Monica, assise devant le théâtre de marionnettes, regarde une représentation que donne Toby. Elle applaudit, puis chante pendant qu’il danse pieds nus tout autour de la pièce. La danse se transforme en une sorte de duo d’amour dans lequel Monica chante pour eux deux, tandis que Toby mime sa partie. Elle a deviné son amour pour elle et essaie d’en faire un rôle de théâtre comme il aime en jouer.

Baba monte péniblement l’escalier. Toby se blottit dans un coin du salon alors que Monica est déjà partie dans sa chambre. Baba interroge Toby au sujet de l’incident qui a eu lieu quelques jours auparavant : est-ce lui qui a touché sa gorge ? Toby essaie de lui faire comprendre qu’il n’y est pour rien mais devant son obstination, Baba, folle de rage, perd son sang-froid, saisit un fouet et le bat sans pitié. On sonne à la porte. Ce sont les Gobineau et Mrs Nolan. N’est-ce pas cette nuit que doit avoir lieu la séance ? « Oui, rétorque Baba. Mais il n’y en aura plus. » En quelques mots, elle leur explique qu’elles étaient toutes frauduleuses et veut leur rendre leur argent mais ils refusent d’admettre qu’ils se sont faits duper. Même la vue des accessoires scéniques et le son de la voix de Monica imitant les voix n’arrivent pas à les convaincre. Ils la supplient de leur accorder une autre séance. Perdant patience, Mme Flora les met dehors ; elle chasse également Toby de chez elle et Monica a juste le temps de dire au revoir au jeune muet.

Les voix reviennent de nouveau aux oreilles de Mme Flora. Désespérée, elle se met à boire. Elle passe en revue toute sa vie, essaie de se consoler avec la chanson du Cygne Noir et termine son monologue par un fou rire. Elle demande pardon dans ses prières et s’endort finalement, épuisée. Toby revient et va jusqu’à la chambre de Monica mais la porte est fermée à clef. Il se cache derrière un divan ; Baba, s’agitant dans son sommeil, renverse la bouteille. Il fouille dans la malle mais le couvercle se referme brutalement ; le bruit réveille Baba en sursaut. Toby se cache derrière le théâtre de marionnettes. Baba crie « qui est là ? » Prenant un révolver dans son tiroir, elle le pointe en direction du rideau du théâtre et tire. Une tache de sang apparaît sur le rideau blanc. « J’ai tué le fantôme ! » crie Baba tandis que Toby s’agrippe au théâtre qui s’écroule sous son poids et tombe mort aux pieds de Mme Flora. Monica, affolée, parvient à pénétrer dans la pièce et pousse un cri devant le spectacle. Elle sort en appelant à l’aide. Mme Flora reste seule et, épouvantée, contemple le cadavre de Toby : « C’était toi ! ».

Il existe un DVD du Médium. C’est le téléfilm tourné aux Etats-Unis en 1950 avec Marie Powers dans le rôle de Baba et Anna-Maria Alberghetti dans celui de Monica. Il est en noir et blanc mais il est absolument prodigieux, prenant de bout en bout. L’interprétation est géniale et les voix sont admirables, surtout celle d’Alberghetti, aérienne au possible. Quant à l’acteur qui joue Toby, il vaut à lui seul le déplacement. Seul ennui (minime à mon avis quand on connaît l’opéra) : il n’y a aucun sous-titre.

La vidéo qui suit présente l'intégralité de l'opéra, version piano. J'avais trouvé  sur Toutube une vidéo avec la cantatrice canadienne Maureen Forrester dans le rôle de Baba, mais impossible de remettre la main dessus ! A croire que j'ai rêvé...


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