Pierre-Olivier Arduin s'inquiète d'une probable extension de la pratique du DPI qui "sera à moyen terme l’instrument technique qui rendra effectifs nos rêves fous de pureté génique" :
Le diagnostic pré-implantatoire (DPI) est une technique qui permet de dépister des anomalies chromosomiques ou génétiques sur des embryons humains in vitro dans le but de n’implanter dans l’utérus des futures mères que celui ou ceux qui en sont indemnes (...) le DPI intervient de manière très précoce in vitro. Pour l’enfant à naître, il n’y a pas de différence éthique quant à son devenir. En cas de maladie avérée, il est passible dans le premier cas d’interruption médicale de grossesse (IMG) (...). Dans le contexte du DPI, c’est une destruction à plus ou moins brève échéance qui l’attend. En effet, le décret du 6 février 2006 stipule que les embryons rejetés par DPI peuvent être livrés aux équipes scientifiques qui en font la demande auprès de l’Agence de biomédecine (...) Un document de travail publié en octobre par le Sénat veut faire le point sur le DPI avant la révision de la loi de bioéthique en passant au crible les dispositions législatives de neuf pays européens. On y apprend ainsi que cette pratique ne va nullement de soi puisque des États, et non des moindres, à l’instar de l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie ou la Suisse – soit presque la moitié des nations étudiées – la prohibent strictement sur leur territoire. En ce qui concerne la France, les sénateurs rappellent que « la nature du DPI – il entraîne une sélection des embryons – justifie que cette pratique soit encadrée de façon très stricte ». L’eugénisme sous-jacent est ici visé à mots couverts ; mais pour les sages, la situation demeure bien sous contrôle puisque la loi de bioéthique du 29 juillet 1994 l’autorise « à titre exceptionnel » (...)
Or le caractère soi-disant exceptionnel de cette pratique est en train d’être totalement remis en cause par les scientifiques. Et pourrait être rapidement balayé d’un revers de main (...) C’est Jean-Yves Nau, dans l’édition du Monde datée du 26 octobre, qui nous apprend que la quête génétique de l’enfant parfait via le DPI est en train de franchir un nouveau cap. Le professeur londonien Alan Handsyde (...) a révélé la mise au point avec son équipe une nouvelle technique (...) Il assure que cette étude génétique ultraperformante sur une seule cellule prélevée dans un embryon (...) lui permet d’identifier toutes les caractéristiques associées à une prédisposition au diabète, à des maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives (...) On aboutirait ainsi à une mainmise génétique coercitive sans précédent sur l’être humain par la médiation des techniques de procréation artificielle. Comment les responsables publics résisteront aux pressions tout à la fois des scientifiques et des opinions publiques majoritairement favorables à la sélection des enfants naître ? Le verrou réglementaire initial – caractère exceptionnel, maladies gravissimes, certitude de la pathologie,… – qui avait permis de rendre plus acceptable le principe même du DPI, n’est-il pas voué à sauter ?"