- LE MONDE CHANGE - Texte de Meena Compagnon
C’eût été impossible il y a 50 ans ! et les USA l’ont fait en 2008 ! Elire un homme de couleur, parfait inconnu il y a peu de temps !! C’est aussi la fin des dynasties américaines et surtout la preuve que malgré les lourdeurs des mentalités, le monde change.
Une partie du rêve de Martin Luther King se réalise.
Rien que cela est énorme… La joie de millions de gens face à ces résultats est le reflet que la Conscience collective croit à la paix et à l’arrêt de la discrimination raciale. Un vent d’espoir souffle sur le monde. Des possibles s’ouvrent même si on sait très bien que ce ne sera pas le miracle instantané.
Merci à Georges Bush. Son mandat a induit beaucoup de colères et de polémiques. Il a suscité chez les citoyens américains et notamment la communauté noire et les jeunes, un ras-le-bol énorme. Cette overdose les a poussés à reprendre en main leur destinée en se rendant aux urnes. Le pire peut induire des réactions extrêmement positives d’actions citoyennes. Surtout s’il se présente un individu qui nourrit ce potentiel d’action. Nous avons trop souvent l’habitude de focaliser notre attention sur ce qui ne va pas en critiquant et en nous désolant, oubliant que c’est dans l’adversité que les êtres vivants se réveillent et trouvent leurs ressources de transformation et d’action.
Notre société est faite de paradoxes. Sœur Emmanuelle disparaît en pleine crise financière et économique. Les images de cette femme au franc parler sympathique, qui dégageait une telle aura de joie dans le fait de servir Dieu et ses semblables, se juxtaposent avec celles de banquiers angoissés, de spéculateurs sur le qui-vive, de fermetures d’entreprises, de chômage, de dégringolade sociale.
D’un côté, une femme issue d’un milieu bourgeois qui lui apportait tout confort, consacre sa vie au dépouillement et aux démunis. Elle rayonne du bonheur de partager ce qui ne s’achète pas : le lien du cœur, le partage, la solidarité, la fraternité, l’amour. Dans le “rien” elle témoigne qu’elle a tout et encore plus. De l’autre côté, l’angoisse de perdre des biens matériels se propage comme l’éclair chez les nantis et les moins nantis, ébranlant les fondations de notre société et nous rendant dépendant d’une monnaie bien souvent virtuelle.
Le monde souffre, non pas parce qu’il n’y a pas ou plus de ressources, mais parce qu’il a perdu le sens du lien et du partage. La spéculation, l’avidité, la peur du manque, le désir d’avoir encore plus cachent une véritable misère affective et une cruelle perte de sens. Les habitants des pays dits riches sont-ils plus heureux que les autres ? Ne confondons-nous pas plaisir instantané et bonheur ? Pour celui qui voyage, la lumière dans les yeux de nombreux citoyens de pays « pauvres », interroge. En creusant un peu plus, on constate que leur survie tient exclusivement à la solidarité. Et que cette solidarité apporte la sécurité, la convivialité et souvent la joie. L’aisance matérielle apporte un certain contentement, certes, mais aussi un risque d’autosuffisance qui peut couper le lien fraternel. Si elle n’est pas accompagnée de don, de partage, de convivialité et d’amour elle peut stériliser les cœurs jusqu’au désespoir. Combien de suicides pour des chagrins d’amour et des vides existentiels… !!! Combien d’ados mettent fin à leurs jours parce qu’ils ne voient aucun sens à la vie qui leur est présentée !!! Oui, une vie sans amour, sans partage, qui plus est sous fond de crise économique, n’apporte pas la joie au cœur…
Pourtant, quand les êtres sont en lien avec la nature, qu’ils savent y puiser avec intelligence la réponse à leurs besoins vitaux, quand ils nourrissent le lien aux autres, la solidarité devient la seule véritable monnaie d’échange stable et inébranlable car elle est infinie et démultipliée.
Obama incarnerait-il cette image de solidarité dont le monde a tant besoin ? Son charisme associé à une expérience de terrain rassure. Et surtout, il incarne une image du monde inenvisageable il y a quelques décennies. Puisse-t-il y avoir au fond de son cœur une sœur Emmanuelle qui veille en silence, un Gandhi et un Martin Luther King.
L’Amérique nous montre que ce qui parait impossible aujourd’hui, sera sans doute possible demain. Cela dépend de nous, de la force de nos convictions et de notre engagement. Réjouissons-nous !!!
Texte de : Meena COMPAGNON
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