"The Visitor" : comédie dramatique critique

Publié le 06 novembre 2008 par Buzzline
 Pitch (Alllociné) : Professeur d'économie dans une Université du Connecticut, Walter Vale (la soixantaine) semble avoir perdu goût pour l'enseignement et tente tant bien que mal de terminer l'écriture d'un ouvrage. Il comble le vide de sa vie routinière en prenant des cours de piano... Sans grand succès... Lorsque l'Université l'envoi assister à une conférence à Manhattan, le professeur se retrouve nez-à-nez avec un couple d'immigrés clandestins dans son propre appartement : Tarek, d'origine syrienne et Zainab, une sénégalaise. Victimes d'une escroquerie immobilière et n'ayant pas d'endroit où aller, le jeune couple accepte la proposition de Walter et s'installe chez lui le temps de se retourner. Petit à petit les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompent pour laisser place à une belle histoire d'amitié grâce à laquelle Walter va apprendre les rudiments du jumbe avec le jeune Tarek et redécouvrir la joie de vivre. Mais les belles histoire ont une fin, ou plutôt un début. La vie clandestine à Manhattan n'a pas que de bons côtés et les 3 personnages vont être rapidement rattrapés par la réalité lors d'un simple contrôle de routine dans le métro...  Notre avis : Le film est une très belle étude des rapports humains et dresse un portrait (apparemment) lucide de la politique américaine en matière d'immigration. McCarthy a réussi une sorte de mini-exploit : parler de "grands thèmes" en échappant à tous les pièges attendus... Pourvu d'une capacité à tirer le meilleur de ses acteurs, le metteur en scène sait affleurer l'essentiel en ôtant tout le vernis superflu. Son talent n'a rien de surfait : à défaut d'être une immense pointure de l'image, le cinéaste sculpte les âmes esseulées (qui ont besoin des autres pour survivre) et construit des récits humanistes. Mais McCarthy ne fait pas d'étalage des sentiments. Il opte pour une mise en scène sobre, se concentre sur la psychologie et la complexité des personnages, et nous donne une belle leçon de tolérance, d'ouverture et d'acceptation de la différence culturelle.

Une véritable leçon d'humanité. Si le sujet central du film est visiblement celui de l'immigration clandestine, celui-ci est traité avec une certaine pudeur permettant d'éviter tout sentiment d'exagération. McCarthy nous présente des personnages en marge de la société du point de vue de leur intégration politique mais aussi d'un point de vue social. Le réalisateur insiste finement sur le personnage de Walter et sur sa rigidité apparente.
La principale force de cette fable somme toute réaliste tient surtout à la manière humaine dont McCarthy a souhaité traiter de ce sujet crucial. Pour cela, il a misé sur des interprètes plus que convaincants. De Richard Jenkins à l’enthousiaste Haaz Sleiman en passant par Hiam Abbass, tous donnent une belle sincérité à leur personnage, sentiment accentué par la musique, omniprésente et véritable lien entre les protagonistes.

Il semblerait que les festivals de cinéma français aient un faible pour les films d'art et essai traitant ou critiquant l'actualité politique aux Etat-Unis. Après "Fahrenheit 9/11" qui avait remporté la Palme d'or en 2004 alors que la guerre en Irak battait son plein, c'est "The Visitor" qui a obtenu le Grand Prix du festival du film américain de Deauville en 2008. Michael Moore dans son documentaire quelque peu dérangeant mettait en exergue les relations financières et diplomatiques entre la famille Bush et celle de Ben Laden. C'est au tour de McCarthy de nous donner à voir sur grand écran la politique des Etats-Unis en matière d'immigration. Il semble vouloir nous montrer que celle-ci s'est nettement durcie depuis les événements du 11 septembre 2001.

 

Pourquoi y aller ?

Pour le jeu convaincant des acteurs. Pour l'humanité et la capacité du réalisateur à saisir la nature de ses personnages en laissant la possibilité de tout comprendre sans avoir à expliquer. Pour l'écriture à la fois subtile et directe qui traduit ce qui est compliqué avec des mots simples. Pour la  touche d'humour qui pointe parfois le bout de son nez. 

Ce qui peut freiner ?

Si l'on est amateur de films d'action, de comédie romantique ou de thriller sanglant. Si l'on a peur des films qui mettent du temps à démarrer. Si l'on a pas un faible pour Jenkins : son personnage est omniprésent et nous promène tout le long du film. Si l'on a envie de passer un moment de détente : le drame social n'est pas le genre idéal pour cela.