Premier du genre à ma connaissance, “Pris sur la toile” est un documentaire de 53 minutes sur le thème de l’e-reputation, écrit et réalisé par Grégory Magne et Stéphane Viard. Les deux auteurs reviennent ainsi sur les badbuzz qui ont jalonné l’histoire récente de la toile comme la diffusion des photos de Laure Manaudou, la vidéo de Nicolas Sarkozy au salon de l’agriculture, la prise de position d’Alain Duhamel pour Bayrou ou encore la pub de Powéo avec Chabal.
Beaucoup d’interviews de personnalités du monde politique, médiatique et du web sont égrainée au fil du documentaire. On y trouve Vincent Dufief, avocat spécialisé dans les nouvelles technologies et auteur de nombreux articles dans la presse en ligne, qui rappelle toute la difficulté du recours juridique dans le cas d’un buzz diffamatoire étant donnée la vitesse de propagation des contenus. Guy Birenbaum, auteur de Domaine d’extension de la lutte, revient sur les raisons qui l’ont poussé à diffuser la vidéo d’Alain Duhamel et reconnait avoir probablement fait l’objet d’une manipulation visant à évincer le journaliste de RTL. Nicolas Vanbremeersch, Directeur de Spintank, rappelle à juste titre que la plupart des crises sur le web communautaire sont latente et évitables lorsqu’on prête attention aux signaux faibles en écoutant les opinions des internautes. André Santini, Secrétaire d’Etat à la Fonction Publique, estime quant à lui que la tendance du web à récupérer les déclarations “off” va dans le sens de la transparence des hommes politiques, ainsi contraints à ne plus pratiquer de double discours. Ivan Roussin, Directeur de la Commmunication de Powéo depuis 2007, évoque la stratégie de dialogue entreprise par Powéo avec les blogueurs suite au badbuzz de la pub Chabal. Anthony Zameczkowski, Directeur du Développement chez Youtube, dédouane sa société de toute responsabilité en rappelant qu’elle met à disposition des internautes un système d’alerte en cas de contenu diffamatoire. Enfin, Alex Türk, Président de la CNIL, s’étonne de la naîveté des internautes lorsqu’ils diffusent des informations personnelles sur les réseaux sociaux, avec le risque qu’elles soient exploitées à des fins malveillantes.
Ce film, un brin alarmiste, s’adresse plutôt à un public de non-avertis mais il a le mérite de nous rappeler les fondamentaux du risque de réputation sur Internet et de soulever les bonnes questions en matière de protection de l’identité numérique. Sans limite, ni censure dans la divulgation d’informations compromettantes, [1] le web s’est progressivement imposé comme le média du hors-antenne par excellence, obligeant les personnalités publiques à la vigilance constante. [2] La formation d’une communauté de blogueurs à forte audience, à la fois courtisés par le marques et avides d’indépendance, expose les entreprises à un risque d’image de plus en plus prégnant. [3] L’apparition des réseaux sociaux a multiplié les occasions de rester en contact avec sa communauté mais aussi de dévoiler des informations à caractère privé. Dans ce contexte en perpétuelle évolution, où doit s’arrêter le partage d’informations ? Et comment préserver sa cyber-réputation tout en profitant de ce puissant outil de communication ? Des questions à méditer si vous avez 53 minutes à perdre…
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