Magazine Bd

Sentry, le colosse aux pieds d’argile

Par Franck Aniere

Apparu à l’occasion d’un canular de Marvel, Sentry est un personnage intéressant à plus d’un titre. Outre le fait qu’il est introduit au sein de la sacro-sainte continuité Marvel de façon rétroactive, c’est également le premier personnage qui est à la fois surpuissant (la puissance d’un millier de soleils) et très vulnérable à cause de son psychisme très fragile.

Sentry est apparu dans une mini-série portant son nom. On y découvre un homme nommé Bob Reynolds qui est persuadé d’avoir été un super-héros, mais il n’en existe aucune trace. Au fil du temps, il va découvrir qu’il a raison mais qu’en fait tout le monde l’a oublié alors qu’il a été un acteur important de la communauté super-héroïque. Au final, Sentry comprend qu’il s’est infligé ça pour neutraliser son ennemi Void, et qu’en plus il va devoir recommencer car Void va à nouveau tenter de détruire le monde. La mini-série se conclut alors qu’une fois de plus Bob Reynolds devient un homme comme tout le monde et Sentry retombe dans l’oubli.

A l’issue de cette première approche du personnage, située hors continuité par son créateur Paul Jenkins (Sentry n’avait pas été conçu pour rejoindre complètement l’univers Marvel), on reste un peu sur notre faim. Le concept d’un héros surpuissant qui doit rester anonyme pour épargner le monde est intéressant, tout comme le fait qu’il a fortement contribué à la carrière des super héros connus. Ses faiblesses ne sont cependant pas encore très bien exploitées, car associées à son avatar humain. A l’époque, tout le monde pense que Sentry restera comme une expérience et ne ressortira jamais du néant des mini-séries oubliées.

Et pourtant c’est Brian Michael Bendis qui va faire revenir Sentry sur le devant de la scène. Dans le mémorable arc de début des New Avengers, Sentry est emprisonné au Raft pour le meurtre de sa femme. Bien que prostré dans sa cellule, il va cependant aider les héros à contenir l’évasion avant de s’enfuir. C’est alors que le cas Sentry redevient intéressant : non seulement personne ne le connait, mais en plus sa femme est vivante. Bendis pousse même le bouchon en intégrant Jenkins au scénario, qui aurait écrit les aventures de Sentry. Une fois de plus, Sentry étant actif Void est de retour et tous les héros doivent le combattre. Mais cette fois-ci, on en sait plus sur les deux adversaires : Sentry et Void sont deux aspects d’une même personne, et Sentry s’est infligé tout ça en étant influencé par le Cerveau (vieil ennemi des X-Men). Cette fois, au lieu de devoir encore tout oublier, Sentry est soigné par Emma Frost et Void est neutralisé.

A l’issue de cette réintroduction du personnage de Sentry, cette fois partie intégrante de l’univers Marvel, le personnage est mieux défini. On commence à voir que malgré sa toute puissance (il a quand même déchiré Carnage en deux !) il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans sa tête et en plus Void est une partie de lui. Ce n’est pas le premier dédoublement de personalité traité par Marvel (Aurora par exemple), mais là il est spectaculaire vu qu’il donne naissance à un ennemi très puissant (Void a quand même réussi à mettre une raclée à des héros très puissants).

Au cours des aventures suivantes de Sentry, qui fait maintenant partie des Vengeurs, on peut voir que notre héros souffre de problèmes vraiment profonds. Il ne peut pas combattre la plupart du temps parce qu’il reste prostré (agoraphobie) et doit avoir une longue discussion avec Captain America ou Iron Man pour se décider à intervenir. Dans le même temps, on voit qu’il est physiquement un des héros les plus puissants avec une facheuse tendance à balancer dans le soleil tout ce qui ne lui plait pas (ce sera d’ailleurs un gag plus tard). C’est là que l’on commence à voir le paradoxe entre sa puissance physique et son mental fragile, qui en fait véritablement un colosse aux pieds d’argile.

C’est avec la seconde mini-série Sentry, encore une fois écrite par Paul Jenkins, que le personnage va devenir vraiment intéressant. Jusque là, on croyait que Bob Reynolds était devenu Sentry en buvant le sérum d’un savant (comme un héros classique), et que Void, une partie de sa personalité, était enfermé dans la tour des Vengeurs. Or tout est faux : Bob Reynolds était un drogué (et déjà atteint de troubles mentaux) et a voulu se défoncer avec le sérum qu’il a volé. Non seulement il y a gagné des pouvoirs mais en fait il est devenu…Void ! Contrairement à ce qu’on pensait, Bob Reynolds devient en fait Void et Sentry se matérialise pour contrebalancer cette métamorphose. C’est également à cette occasion que l’on connait l’origine du sérum (un dérivé beaucoup plus puissant du sérum du super soldat) et surtout la toute puissance de Sentry qui est totalement invulnérable sur le plan physique. Sentry finira par se débarraser de Void (en le jetant dans le soleil), ce qui implique que maintenant Bob ne devient que Sentry mais l’auteur reste volontairement vague sur ce point.

Maintenant la donne est claire : Sentry est le personnage Marvel le plus puissant (quoiqu’il n’a jamais eu affaire à Thor) mais surtout il est complétement cinglé. Son psychiatre, qui a dévoilé le secret de Void, le tient sous contrôle mais tout le monde redoute le moment où cette bombe à retardement explosera. Mais à part ça, son agoraphobie le rend toujours instable et peu fiable au combat. En effet, lors de World War Hulk, Sentry va attendre très longtemps avant de se jeter dans la bataille. Il semble avoir des pouvoirs assez inattendus, comme ramener sa femme à la vie, et Void semble ne pas être si loin que ça vu que les yeux de Sentry virent au noir.

Au vu de tout cela, on peut voir que Sentry n’est pas un personnage banal. Ni héros ni vilain, mais les deux à la fois. Pas seulement un héros super puissant mais également un gars fragile au psychisme totalement dévasté. Cela nous change des héros traditionnel auxquels nous sommes habitués, avec des évolutions très intéressantes à venir si Sentry est correctement exploité (Bendis semble décidé à lui donner un rôle important dans ses récits, pourvu que ça dure). Si Sentry était juste un héros surpuissant, il ne serait qu’une copie Marvel de Superman ce qui ne serait pas intéressant. Mais en fait nous avons un personnage totalement barré, qui n’assume pas sa vraie nature et qui se roule en boule par terre à la première occasion. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne s’ennuie pas avec Sentry.

Reste maintenant à voir l’évolution du personnage avec Secret Invasion…


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (1)

Par estelle
posté le 12 mars à 18:38
Signaler un abus

hi hi hi vous ete bete avec votre nouvelle stars

A propos de l’auteur


Franck Aniere 36 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines