Le gouvernement a révisé jeudi en nette baisse ses prévisions de croissance pour tenir compte de l'impact de la crise financière sur l'économie de la France, alourdissant mécaniquement le déficit public. La France table désormais sur une croissance comprise "dans une fourchette de 0,2% et 0,5%" en 2009 contre 1% à 1,5% auparavant, a indiqué jeudi la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, lors d'une intervention au Sénat. Le volet "recettes" du budget 2009 sera donc modifié sur la base d'une croissance de 0,5%, contre 1% précédemment, mais les dépenses resteront globalement inchangées, a ensuite précisé le ministre du Budget, Eric Woerth. Le gouvernement n'ayant pas l'intention de compenser les pertes de recettes par des augmentations d'impôts, "cela nous conduit de manière totalement transparente à afficher des déficits plus importants", a-t-il expliqué. Le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales), initialement prévu à 2,7% de PIB en 2008 et 2009, se creuserait par conséquent à 2,9% cette année et 3,1% l'an prochain, au-delà de la limite de 3% tolérée par Bruxelles. "Il ne s'agit nullement de s'affranchir du Pacte de stabilité et de croissance. La Commission européenne a d'ailleurs répété qu'elle tiendrait compte des circonstances exceptionnelles que l'ensemble de l'Europe connaît pour examiner la situation", a ajouté le ministre du Budget, pour qui "il s'agit simplement de laisser les recettes s'adapter à la crise". Cette révision est "responsable, exceptionnelle comme la situation l'exige, mais lucide", a plaidé Mme Lagarde. Les nouvelles prévisions du gouvernement restent toutefois bien supérieures à celles publiées lundi par la Commission européenne, qui anticipe une croissance nulle en France l'an prochain avec un déficit à 3,5%. Pour 2010, la Commission prévoit une légère reprise de l'économie avec 0,8% de croissance mais un déficit public qui continuerait à se creuser pour atteindre 3,8 points de PIB. Même avec ses chiffres révisés, le gouvernement français se montre là encore beaucoup plus optimiste puisqu'il mise sur une croissance de 2,0% et affirme pouvoir ramener le déficit à 2,7% du PIB. Le dépassement de la limite des 3 points de PIB l'an prochain doit être "temporaire" et "notre effort sur la dépense nous permettra de retourner sous ce seuil dès 2010", a assuré Eric Woerth. A la faveur d'une croissance prévue à 2,5% en 2011 et 2012, le déficit public de la France passerait ensuite à 1,9 point de PIB en 2011 puis à 1,2 point en 2012, a-t-il précisé. Après avoir une première fois renoncé à son objectif de "déficit zéro" pour la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le gouvernement avait précédemment annoncé un déficit de 0,5 point en 2012. La France a procédé à cette révision pour tenir compte de l'aggravation de la crise financière dont les effets "commencent à se faire sentir et vont perdurer pendant plusieurs trimestres", a souligné Christine Lagarde. Cette crise "laissera sur les économies des séquelles durables", a-t-elle dit, fustigeant "une crise des abus, des excès, des excès de crédit, d'endettement, de complexité, de cupidité, d'irrationalité". Le gouvernement a aussi revu en baisse sa prévision d'inflation en 2009, à 1,5% contre 2% prévu dans le budget, pour tenir compte de la baisse des prix des matières premières, ainsi que sa prévision de taux de change (1,33 dollar pour un euro contre 1,45 auparavant). Des facteurs favorables, notamment aux exportations, mais qui ne suffiront pas à contrebalancer l'impact négatif de la crise financière, a souligné Mme Lagarde.
Les nouvelles prévisions de croissance et de déficit public de la France pour 2009
© AFP
La ministre de l'Economie Christine Lagarde à Bruxelles, le 4 novembre 2008
© AFP Dominique Faget
Le ministre français du Budget Eric Woerth, le 21 octobre 2008 à l'Assemblée nationale à Paris
© AFP/Archives Patrick Kovarik
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La croissance et le déficit français vont se dégrader en 2009 avec la crise