La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une baisse d'un demi-point, à 3,25%, de son principal taux d'intérêt directeur, une décision largement attendue qui vise à donner un peu d'air à l'économie de la zone euro. Un peu plus tard, Jean-Claude Trichet a ouvert la voie à une nouvelle baisse prochaine des taux directeurs, en déclarant qu'il ne pouvait pas l'exclure. Le "taux de refinancement", qui détermine le niveau du crédit pour les particuliers et les entreprises, est ramené à son niveau d'octobre 2006. Il s'agit de la deuxième réduction en un mois, après l'action concertée entre grandes banques centrales du 8 octobre. Le geste de la BCE était largement attendu, sur fond d'économie en panne et d'inflation qui se résorbe rapidement sous l'effet de la chute des prix des matières premières. Son président, le Français Jean-Claude Trichet, doit tenir une conférence de presse à partir de 13H30 GMT. Les économistes et les marchés seront à l'affût d'indications sur la politique monétaire à venir. Nombre d'entre eux tiennent pour possible une nouvelle baisse de taux dès décembre. Les marchés boursiers ont creusé leurs pertes après l'annonce, Paris et Francfort perdant plus de 4%. Certains opérateurs avaient parié sur une réduction plus ample, espoirs qui avaient été ravivés par l'annonce de la Banque d'Angleterre (BoE). La BoE a en effet créé la surprise en réduisant d'un point et demi, à 3%, son principal taux. Une baisse d'une telle ampleur n'avait pas eu lieu depuis 1981, alors que le Royaume-Uni était plongé dans une grave récession durant les premières années du gouvernement de Margaret Thatcher. Et la Banque nationale suisse (BNS, banque centrale) a elle aussi décidé d'assouplir les conditions du crédit jeudi, en abaissant de 50 points la marge de fluctuation de son taux de référence, le Libor à trois mois, qui passe à 1,5%-2,5%. "La BCE se dresse ainsi avec les autres banques centrales contre le retournement économique", a réagi la fédération des banques publiques allemandes, jugeant la baisse du jour appropriée. Même si la BCE a été moins agressive que la BoE, "d'autres baisses sont à venir", souligne Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics, soulignant que la sévère dégradation attendue de l'économie va définitivement ranger au placard les inquiétudes restantes pour l'inflation. Les deux taux qui encadrent le taux principal ont aussi été abaissés: le taux plancher (dépôt au jour le jour), auquel les banques peuvent placer de l'argent pour 24 heures auprès de la BCE, tombe à 2,75% et le taux plafond (prêt marginal au jour le jour), auquel les banques peuvent emprunter pour la même durée, à 3,75%, a également annoncé la BCE.
Jean-ClaudeTrichet le 2 octobre 2008 à Francfort
© AFP/Archives Thomas Lohnes
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La BCE abaisse nettement son principal taux d'intérêt