Résumé: Un homme (Clovis Cornillac) se réveille dans une caverne sombre et humide. Il n’a aucune idée de la façon dont il est arrivé là, ni de qui il est. A ses côtés, un cadavre. L’homme récupère une lampe sur le cadavre et commence son exploration dans ce labyrinthe qui lui parait étonnamment familier. Il va lui falloir rapidement percer le mystère de l’étrange organisation Eden Log s’il veut espérer échapper aux effrayantes créatures qui rôdent dans le coin…
Les incursions françaises dans le cinéma de genre sont rares, et souvent ratées (remember les lamentables A l’Intérieur et Frontière(s) ?). Il est donc essentiel de promouvoir les films réussis et novateurs. Eden Log fait partie de ces films sortis de nulle part, et proposant un univers fort et cohérent. Réalisé par le débutant Franck Vestiel et porté à bout de bras par son acteur principal, l’excellent Clovis Cornillac, le film n’a malheureusement pas eu la carrière qu’il méritait au cinéma, plombé par une sortie réduite sur quelques dizaines d’écrans le lendemain de Noël. Sa sortie en DVD est donc une bonne occasion pour donner envie de le découvrir.
Eden Log c’est d’abord un univers de science-fiction très fort visuellement. La photographie quasi noir et blanc de Thierry Pouget crée une ambiance oppressante dès le début du film, empêchant le spectateur de distinguer les détails du lieu dans lequel le héros se trouve. Cela permet à Vestiel de toujours placer le spectateur au niveau de celui-ci, renforçant ainsi l’identification. On explore avec Tolbiac (puisque c’est ainsi qu’il se nomme) les différents niveaux de ce monde, chacun étant régi par des règles bien spécifiques. Le voile est ainsi petit à petit levé sur les tenants et aboutissants de cet endroit tournant entièrement autour des racines d’une plante mystérieuse. Vestiel cite volontiers de nombreux classiques de la science-fiction (Brazil, Matrix…) mais on devine que sa source d’inspiration première est le monde du jeu vidéo. J’ai déjà mentionné le fait que le film se vive « à la première personne », on peut aussi noter que l’univers d’Eden Log est découpé en niveaux, le héros glane petit à petit des informations et des objets des personnages rencontrés en cours de route, il améliore petit à petit ses capacités, etc. Mais là où le film fait très fort, c’est que le scenario coécrit par Vestiel et l’auteur de science-fiction Pierre Bordage a l’intelligence d’adapter ces codes videoludiques à un vrai film de cinéma, là où d’autres se sont cassé les dents en ne proposant que des « jeux filmés » (Silent Hill, bien que plutôt réussi, souffrait de ce problème) forcément frustrants pour les gamers. Au-delà de ce mélange réussi de divers mediums (certaines images semblent aussi sortir tout droit de bandes dessinées), le scenario s’avère proposer une réflexion intéressante sur l’utilisation pervertie que font certaines multinationales de l’écologie.
Cote interprétation, c’est du tout bon. Clovis Cornillac prouve une fois de plus que, lorsqu’il est correctement dirigé, il est l’un des meilleurs acteurs français actuels. Son jeu est intense et reflète parfaitement la dualité de Tolbiac : à la fois perdu et attachant, mais en même temps investi d’une connaissance étrange des lieux et dangereux. Au final, mis à part quelques petits bémols principalement d’ordre scénaristique (on ne sait pas vraiment pourquoi Tolbiac est une sorte « d’élu » capable de résister à la contamination par la sève de la plante), ce premier film est très réussi et fait découvrir un auteur à suivre.
Note : 7.5/10