L'Internet a porté Obama au pouvoir. Mais ça ne s'est pas fait "tout seul" : vous aurez noté qu'on parle beaucoup de l'organisation méthodique de la campagne. A la base : les utilisateurs - bien plus "web-ready" qu'avant. A la stratégie : Chris Hugues (co-fondateur de Facebook), et d'autres. Aux machines : Blue State Digital, une société spécialisée, une agence - qui a bossé pour pas cher mais pas pour rien (pas plus de quelques millions de dollars. C'est peu au regard du retour, mais du "vrai" argent quand même!). [A noter : Joe Rospars, un des patrons, était le New Media boss de la campagne d'Obama]. Lire BusinessWeek. C'est la confluence des trois qui a rendu la dynamique si puissante.
Ce que j'en tire : quand il s'agit de faire les choses en grand (pour une campagne présidentielle, par exemple), pour être efficace sur le moyen-terme (deux ans de campagne), le bénévolat ne suffit pas tout à fait...
Obama gagne la bataille du Net
Le candidat démocrate a mieux su utiliser les réseaux que McCain.
(c) CHRISTOPHE ALIX, Libération
Utilisé pour désigner les sites «collaboratifs» de l’Internet de la deuxième génération, le sigle 2.0 pourrait également être le résultat du match Obama-McCain dans l’intense campagne en ligne pour l’élection. A la différence de son adversaire républicain, Obama a beaucoup misé sur les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Modernisant les recettes «virales» qui avaient propulsé au premier plan la campagne du gouverneur démocrate du Vermont Howard Dean en 2004 avec le site meetup.com, le candidat a fait d’Internet un outil de mobilisation sans précédent. Avec l’aide de Chris Hugues, cofondateur de Facebook, les stratèges de Barack Obama ont fait monter le buzz autour du sénateur de l’Illinois comme s’il s’agissait d’une marque, enrôlant et cooptant sympathisants et volontaires comme autant de relais. Comme le dit David Weinberger, ex-conseiller Internet d’Howard Dean, «bien utilisés, les réseaux sociaux type Facebook ou Myspace permettent de créer des liens entre des gens qui ne se seraient jamais rencontrés autrement. La candidature d’Obama y est devenue un phénomène de société».
Donations. Record de la levée de fonds en ligne avec près de la moitié de ses 600 millions de dollars (465 millions d’euros) récoltés sur le Net dont quantité de microdonations de quelques dollars, trois fois plus cité que son rival républicain (342 millions de pages Obama recensées sur Google contre 135 millions pour McCain), le candidat démocrate s’appuie sur son propre réseau social mybarackobama.com. Riche de plus de deux millions d’activistes, il s’agit d’un véritable kit en ligne militant. Grâce à ces réseaux, plus de 80 000 réunions de quartier ou d’amis ont eu lieu. Pour s’y inscrire, il suffit de cliquer aussi simplement que si on ajoutait un «ami» sur Facebook. Autre innovation démocrate, le site voteforchange.com qui permet de recevoir des informations personnalisées sur où et comment voter en fonction de son lieu de résidence et même de télécharger un formulaire d’inscription sur les listes électorales. Un formulaire déjà téléchargé près d’un million de fois.
Dans le camp McCain, au style de campagne plus classique, vertical et centralisé, la priorité reste au travail sur les gigantesques bases de données pour tout savoir ou presque sur le plus grand nombre d’électeurs. Chaque parti dispose de fichiers d’environ 200 millions de personnes avec noms, adresses, participation aux précédents scrutins et, dans certains cas, leur affiliation politique. Des informations précieuses afin d’affiner le porte-à-porte et de repérer de potentiels volontaires. «J’ai peut-être cinq voisins dans ma rue qui ont voté démocrate à deux des cinq dernières élections, explique Thomas Gensemer de Blue State Digital, l’entreprise informatique chargée de la gestion des sites d’Obama. Avec ces bases de données, on peut les identifier.»
Dernière heure. Grâce à ces fichiers tournant sur des modèles informatiques sophistiqués, les églises fondamentalistes pro-Bush avaient pu contacter les indécis à la dernière heure en 2004 et mobiliser plus d’électeurs que le camp démocrate de John Kerry, déjà investi à l’époque dans les réseaux sociaux encore balbutiants. Au-delà de l’occupation de ce nouveau terrain de jeu numérique, très largement favorable à Obama, l’essentiel reste bien la mobilisation des électeurs le jour J. Une mobilisation que le maillage militant en ligne ne peut que favoriser.
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