Car Skolimowski a beau avoir un vrai regard, il ne peut s'empêcher de foncer droit dans le pathos et les clichés sur son propre pays. Alcool et pauvreté dominent, enveloppés dans une mélancolie tirant sur le misérabilisme. Quant à la fameuse Anna, fantasme ultime du pauvre Leon, c'est typiquement le cliché de la fille de l'Est aux formes plus qu'arrondies. On imagine aisément l'envie du réalisateur de créer un décalage à partir de ce fait, comme lorsque chez van Warmerdam les grosses dondons font l'objet de toutes les convoitises. Mais les ficelles sont trop grosses et les intentions trop visibles pour réellement convaincre. Le cinéaste polonais, qui n'avait rien tourné depuis quinze ans, n'a pas le style des scandinaves comme Bent Hamer, qui se serai régalé d'une telle histoire.
Mais Quatre nuits avec Anna est avant tout un film sur la fascination amoureuse, et montre parfaitement comment une obsession peut ruiner une vie entière. Skolimowski peut compter sur Artur Steranko, excellent, qui fait de Leon un personnage complexe aux agissement tortueux. On pouvait cependant attendre beaucoup mieux de la part du scénariste du Couteau dans l'eau, qui a montré plus d'une fois le potentiel de perversion qui est le sien.
5/10
(également publié sur Écran Large)