Je me disais ça, l'autre jour, avec vissée sur la tête ma casquette de papa. Dur, en ce moment, avec gars de presque onze ans. Têtes dure, justement, le gaillard. Un mur. Contre lequel je me heurte. Les messages ne passent pas. La tentation du cri rôde. Il semble par moments disparaître de la circulation, sombrer dans sa bulle, à moins que ce ne soit un refuge, son refuge, un jardin secret. Mais quand le jardin secret occupe tous les espaces, ce n'est pas évident.
Le gars est un taiseux de nature. Ca n'aide pas à déchiffrer. Pourtant, qu'est-ce que j'aimerais ! Comprendre, décoder, accompagner.
Mais sans la personne, ce n'est pas facile. Le moulin à pensées est fertile. Je traque les minutes et les événements. J'essaye de capter les choses, de dénicher des signes, de mettre en mots. Sa vie est à lui. Dans ces cas-là, je comprends tous ces parents "démissionnaires" comme on dit. Je ne partage pas, mais je comprends.
Waouh, je me disais aussi.
Tout ce que je pense-là, tout ce que j'écris là, ça vaut pour tellement de gens, finalement. Tant de situations. Toutes ces portes fermées qu'on n'essaie finalement même plus d'ouvrir, tellement on consacre d'énergie à simplement tenter de les entrouvrir, quand il ne s'agit pas d'essayer qu'elle ne se claquent pas en malaxant vos phallanges. On en est là, l'impuissance le disputant à l'espérance. Je choisis l'espérance.
Semer, semer encore, semer toujours et avoir confiance. Forcément viendra la récolte, malgré la terre acide. Sans cesse remettre sur l'ouvrage... Le papa que je suis est un artisan. C'est un beau métier. Mais waouh.