Et maintenant, les actes

Publié le 05 novembre 2008 par Careagit
Nous voilà au lendemain de l'élection du président des Etats Unis. Au cas où vous descendriez tout droit de Mars ou que vous n'ayez ni Internet, Radio ou Télévision à disposition, c'est Barack Obama qui a été élu.
Ce soir, comme pas mal de blogueurs, droite et gauche confondues (pour une fois), je reste très surpris de l'ampleur d'un tel résultat auprès du monde médiatique français, européen, des acteurs politiques et de (très) nombreux citoyens pour la plupart pourtant très peu politisés.
A la différence de Pierre Catalan, je ne crois pas qu'Obama soit arrivé en tête de ces élections, armé de son programme et de ses idées. L'on a coutume de dire que l'élection présidentielle marque la rencontre d'un peuple et d'un homme dans un décor, un contexte qu'il est difficile de maîtriser mais qu'il est prépondérant de considérer justement. En l'espèce Barack Obama s'est présenté devant les citoyens US (et le Monde) avec un talent marqué pour le maniement des mots, un charisme surpuissant et une campagne de communication idéaliste, limite religieuse dans lequel le rêve d'un monde meilleur cachait portait les propositions. Que sait l'électeur américain ou le français moyennement politisé de Barack Obama ? Sa couleur de peau à n'en pas douter... le prénom de sa femme et le nombre de ses filles, qu'il est sans nul doute meilleur que Mccain et surtout qu'il arrive de nulle part, sans expériences, tel le soleil dans la tempête en offrant aux brebies égarées l'indescriptible espoir d'un monde meilleur. Espoir plus que nécessaire en ces temps où les mauvaises nouvelles ne cessent de rythmer les journées des citoyens de ce monde. Car au delà d'une option politique, Obama est avant tout un espoir, le porteur du "Yes we can".
Difficile de lire des portraits, éditoriaux ou même billets de blogs un temps soit peu cartésiens à propos d'Obama. La vague médiatique mondiale est à la hauteur du phénomène politique sans que l'on ne sache trop d'ailleurs qui de la poule ou de l'oeuf est arrivé en premier.
Obama est à la politique ce que Facebook est au web 2.0. Un précurseur. Le candidat capable de lever plus d'argent que ce que personne n'avait fait jusqu'alors. Là où Mccain accumulait de "rares" gros dons, Obama plaçait bout à bout des millions de petites pierres sur la simple promesse du changement. Qu'on le veuille ou non, l'on nage ici dans ce qui s'est fait de plus pointu et de mieux en matière de communication et de marketing politique. Tout au long de la campagne, l'on entendait le nom d'Etats à conquérir comme autant de zone de chalandises, l'énumération des races dans l'escarcelle de l'un ou de l'autre comme autant de marchés à capter, le tout porté par une marque Obama et un slogan "Yes we can". Que dire de plus, tout est réuni. A cet attirail, l'on ne ressent même plus besoin d'y rajouter du fond. Preuve en est, ces quelques centaines (milliers ?) de français (entre autres) se prononçant en faveur du candidat démocrate, sans même n'avoir ouvert un seul coin de page du programme présidentiel du bonhomme. Ce fut un grand jeu, rien de plus qu'un bon match de NBA, nous avons gagné - Houra.
Nous sommes au sommet de la vague du buzz. Les mots vont devoir être suivis d'actes et je ne suis pas le seul à m'avouer plus que sceptique sur ne serais-ce que les possibilités de Barack Obama sur les plans économiques ou de politique extérieure. (Billet d'hier). Ce qui est sur en revanche, c'est que les actes seront moins suivis que les mots car ils auront le tord de se réveler bien plus complexes que de simples phrases, soumis à de multiples arbitrages qui ne pourront pas satisfaire la masse.
Mais tout cela ne revêt au final, que très peu d'importance. Comme de nombreux autres évenements politico-socio-économiques, l'important était de rêver pour oublier la complexité d'un monde dont les rouages échappent aux plus grand nombre. La nouvelle version de l'American Dream peut être.