C'est la fin d'un monde que nous vivons aujourd'hui, dans l'allégresse généralisée de personnes à la mémoire courte.
« Un nouvel espoir pour le monde », « Un moment historique », « Un nouveau rêve américain », j'en passe et des pires, un bonheur décérébré touche la majorité de la planète, et moi, seul dans mon coin, je pleure.
Je pleure, car Deubeuliou va nous quitter, d'ici le 20 janvier. Il va sortir de nos vies, retourner à temps plein à Jésus et ses copains, et il ne restera même pas dans la plupart de vos coeurs secs comme un pain du mois dernier.
Alors certes, sa politique n'a pas toujours été des plus heureuses, c'est le moins qu'on puisse dire, surtout du point de vue d'un paquet de civils de l'Afghanistan au Mississipi qui auraient dû
continuer joyeusement de prélever leur part de la surexploitation de la planète (oui, on néglige souvent le côté écologique de la disparition de gens, tout ça parce qu'ils avaient de la famille
qui pleure dans les chaumières sans se sentir réconfortées par les aspects positifs de leur sacrifice involontaire). Je ne conteste pas non plus qu'il ait sa responsabilité dans une baisse
générale du niveau de vie chez lui et ailleurs (les gens sont si attachés à leur confort). Pour tout vous dire, j'ai même râlé quand il a été élu.
Mais à côté de tout ça, ce qui va me manquer, c'est l'éclair de gaieté qu'il m'apportait régulièrement, quand apparaissaient sur mon écran de télévision son menton pointu, ses sourcils de benêt, ses petites lèvres et ses narines pincées, et ses yeux de cocker à qui on a flanqué un coup de journal parce qu'il a fait pipi sur le canapé. Il projetait une aura d'impuissance neuneue qui le rendait immédiatement proche du téléspectateur moyen (et d'une partie de l'électorat américain, sans doute).
J'avoue, même après le 11 septembre, voir sa tête à l'annonce de l'attentat alors qu'il visitait une école maternelle réussit à me faire oublier les gens qui avaient sauté dans le vide quelques heures plus tôt. Et ça, c'était un exploit, et c'était important.
Puis il ouvrait la bouche, mes yeux s'emplissaient de larmes, et je faisais « grgnnnif huhuhu HAHA mais qu'il est con mais il y croit vraiment ou quoi ? ».
Il mettait dans nos vies à tous une touche d'absurde que nous n'apprécions pas à sa juste valeur, mais que nous allons regretter, je vous le garantis.
Puis c'était si bon de se sentir supérieurs, supérieurs à la personne théoriquement la plus puissante du monde, en matière de simple puissance intellectuelle. Parce que ça, l'Obama, il nous le permet nettement moins. Et en se sentant supérieurs à son président, quelque part, ça chatouillait un peu notre orgueil chauviniste, on se sentait du même coup supérieurs à tout ce peuple de crétins racistes et intégristes. Ca faisait du bien au moral, ça aussi !
Et maintenant, d'un seul coup, il faut réviser notre jugement sur tout un peuple qui a été capable d'élire un métis au poste le plus élevé, alors que dans notre pays, on se résout péniblement à faire des potiches de nos minorités visibles (et encore, le choix est même pas toujours judicieux).
Décidément, cette nouvelle Amérique promet d'être vachement moins funky à mon goût que l'ancienne.
Salut, Georges. Tu me manqueras, mais sache que tu resteras là, dans mon coeur, et que personne ne pourra t'en arracher.