Ce soir

Par Volodia
Le monde ce soir est un mur dont on aurait retiré les décorations
et nu à présent
dans la pénombre d'un appartement
dont je ne connaitrais pas la configuration
et dans lequel il ferait froid
la main obscure de l'ennui
saisit mon corps mou gravé de vers oubliés
et le brise contre la paroi vide
en un mouvement répétitif
comme les lames contre les récifs
comme une mécanique absurde
presse des cadrans de montres d'entrée de gamme
et du coin d'une pièce ignorée
provient les lents accords d'un piano maladif
et sans génie
mais très beaux ils m'entraînent
sur une piste de cendre rouge
de brique pilée
en un quatre cents mètres lancinant
à peu près l'altitude de la ville
au bord du lac de laquelle
je descends des canettes
l'ennemi
la grande angoisse qu'un soleil moribond
répand sur la plaie déjà sale de mon âme
qui ne veut pas partir
jamais
en dépit de l'ennui
en dépit de la largeur du puits
au fond duquel narcisse je contemple de très loin
mon jeu de scène imparfait
en dépit des douleurs
en dépit des heures dédoublées
des ivresses révisées
comme on le ferait d'un poème
d'un rapport on ne peut plus
scientifique
d'un examen merdique
qui meublerait un peu les nuits immaculées
à l'image des pages de mes romans fantasmés
au contraire de mes rêves très noirs
à l'aide desquels je torche le gouffre de ma vie bancale.