Alors que l’enjeu même de cette élection aurait pu suffire à lui seul à faire rester les téléspectateurs devants leurs écrans, CNN a proposé toute une mise en scène de la soirée digne des plus grosses productions.
Dans un univers où le numérique (décors et incrustations à l’écran) prenaient la majeur partie de la scène, il était étonnant de constater combien de caméras différentes intervenaient dans le dispositif. En effet, dans pareilles circonstances, nous sommes habitués à avoir environ trois caméras qui alternent plans larges et zooms sur les présentateurs et intervenants.
Ici, ce n’est pas du tout le cas, ayant regardé la chaîne pendant cinq minutes, j’ai pu constater au moins l’utilisation de cinq plans différents ! Qu’il s’agisse de plans généraux, de gros plans, voir même de plans pris dans le dos des intervenants, tout nous était montré via des angles inédits pour ce type d’émission. Par ailleurs, la scénographie s’est également manifestée par le présentateur qui se tenait debout, navigant entre une myriade de résultats, d’écrans numériques et la table de ses invités.
Enfin, le clou du spectacle a tout de même était l’apparition par hologramme en 3D d’une correspondante de la chaîne (fait avec trente deux caméras !) ! Il s’agit d’une première dans ce genre d’émission, à savoir la matérialisation complète en plateau d’une journaliste distante de centaines de kilomètres.
Tous ces éléments (multitude des écrans, déplacements physiques du journaliste dans le décors, hologramme) témoignent d’une même logique qui est celle de l’immédiateté et de la connaissance absolue. Découverte par l’émancipation fulgurante de l’Internet, cette notion arrive à présent en télévision sous cette forme hautement technologique. Il ne s’agit plus d’être en correspondance avec un envoyé spécial au travers d’une lucarne de duplex, il faut qu’elle soit “numériquement” (sous couvert de confusion avec la vraisemblance) présente. Attendre que les informations nous soient données par le journaliste n’intéresse plus, il faut que celles-ci soient en permanence affichées à l’écran et donc immédiatement consultables. Faire apparaitre en fond, de nombreux écrans c’est rendre l’information parcellaire et permettre au téléspectateur de piocher ce dont il a besoin. C’est également dans l’interprétation, laisser entrevoir que le canal que nous regardons est en contact permanent avec les sources du terrain.
Tous ces éléments combinés hier soir sur CNN ont rendu une nouvelle lisibilité à l’élection en la soustrayant de son formalisme habituel. Les prouesses mises en place sont tellement puissantes qu’un mélange des genres est à craindre tant la mise en scène de tout cela éloigne du domaine politique.
Afin que mon propos soit plus clair, voici ci-dessous des captures d’images faites cette nuit sur CNN par mes soins (cliquez sur les images pour les voir en plus grand) ainsi que la vidéo avec l’apparition de l’hologramme :
Voici la vidéo :
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