Maurice COUQUIAUD est un de ces êtres qu'on se félicite de connaître. Son talent poétique , enrichi de sa
brillance intellectuelle, de son ouverture (rare dans le milieu poétique) vers les sciences et la philosophie, en font tout à la fois un écrivain, au sens purement, pleinement littéraire du
terme, et un penseur. Du vrai penseur et du vrai poète, il a la simplicité, l'amabilité, la chaleur humaine. J'ai eu la chance d'avoir, avec lui, des discussions passionnantes, qui, notamment,
tournaient autour du sens de la vie et de la philosophie fascinante d'Edgar Morin. Il m'a, hier, très gentiment, adressé ces trois petits poèmes.
LE DINOSAURE INNOCENT.
Je n'ai brûlé ni les Juifs ni les sorcières.
Je n'ai pas inventé la guillotine ou les galères.
Je n'ai pas déterré mes ancêtres
pour explorer mes fautes et mes torts.
Ma carapace n'est qu'une apparence
puisqu'elle est faite d'un vieux buvard
surtout sensible aux taches de l'avenir
dont l'encre voudrait déjà perdre la mémoire.
LA TABLE DE NUIT.
Fatigué, fatigué,
le vieux prêtre cherchait le sommeil.
Près de lui, son pot de chambre
rêvait d'une table de nuit...
une forme du paradis où se reposent
tous ceux qui reçoivent
le besoin des autres.
INFORMATIQUE.
J'ai bien connu le temps
où le poète devait couper les pages
pour atteindre le sens des mots.
Il suffit maintenant d'appuyer sur un bouton
pour suivre l'au-delà des images.
Il faut toujours se laisser couper la vie
pour atteindre le sens de la mort.
J'écris donc sur les ondes
pour le plaisir de mon fantôme !
Seul capable de cueillir dans les vibrations,
non le fruit de mes paroles provisoires,
mais l'écho ressuscité de mes émotions.
Maurice COUQUIAUD.