par H et B
Une légende vécue où les individus, pour en devenir les rares héros, doivent révéler un destin commun dans leur existence toute particulière. Un conte auquel on ne peut croire que lorsque résonne en lui l’écho de nos cœurs et boyaux, de nos plus grandes terreurs et félicités.
Barack Obama a été élu parce qu’il est le héros que le conte de l’Histoire attendait, celui qu’il attendait « ici et maintenant »
- Il est à la fois noir et blanc, mais il est aussi ni l’un ni l’autre. Il réduit en lui-même la fracture raciale, il répare l’histoire américaine, coupe le fil de la vendetta. Il est son rédempteur.
- C’est un homme, mais un homme porté par des femmes (sa mère, sa grand-mère, sa femme) et se battant pour des femmes (ses filles), en lui s’épanouit un équilibre des sexes et s’essouffle le modèle guerrier du mâle dominant.
- Il est un parfait occidental et il est aussi africain. Il réduit en lui la fracture identitaire et dissout son questionnement. En tant qu’occidental, il est un tenant des nations qui détiennent depuis des siècles le pouvoir, en tant qu’africain il est aussi fils du deuxième monde, celui qui subit ce pouvoir et le poids d’une histoire à marche forcée, écrite par d’autres. En lui se réduit une fracture géographique et presque anthropologique. Il est le premier président du monde.
- Il est chrétien, mais élevé dans l’amitié avec l’Islam, il porte un prénom qui sonne comme une promesse de conciliation : Barack (a), la bénédiction.
- C’est un représentant de l’élite mais forgé dans une famille modeste. En lui se réduit la fracture sociale et s’épanouit la foi d’un avenir toujours possible, d’un accomplissement.
Clameurs, déclarations emphatiques, pleurs, joie irrationnelle, grandiloquence, espoirs fous, ces manifestations qui ont accueilli partout de façon spectaculaire son élection témoignent de cette nécessaire transcendance de la multitude à travers un seul, celui qui fait « antenne », qui « intercède » celui qui vibrera le mieux au pouls du monde et de ses rêves. L’homme cherche l’unicité, tend aux retrouvailles, vit dans le fantasme existentiel du grand tout : c’est le sens du conte qui cherche sa fin. Comme un personnage-miracle, qui dissout les contradictions et fusionne les altérités, Obama sans le vouloir et sans le contrôler vraiment, incarne cet espoir plus spirituel que politique.
C’est ainsi que nous pourrons dire que nous avons vécu une nuit « universelle » hier tandis que ce matin nous retournons à tous nos particularismes… avec du baume au cœur.
éâéé
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