Mon espion préféré est l'exemple-type de l'attrape-gogos (pour être poli). Déjà, le titre et l'affiche laissent supposer qu'il s'agit d'une comédie romantique, avec une gonzesse et un espion. Pas du tout. Le héros du film est un jeune homme joué par Colin Hanks, et ne figure même pas sur l'affiche. Quant au bellâtre joué (?) par Antonio Banderas, il n'est pas espion pour deux sous. Enfin au début. Car en fait (oui, je vous raconte la fin, mais qui ira voir un tel truc ?), Antonio, tout le monde le prend pour un voleur, mais en fait c'est un espion. Vous ne rêvez pas : voici un film dont l'unique rebondissement est révélé dans le titre !
Quant au film, c'est lui-même une arnaque. Même pas sorti dans les salles américaines, il débarque buzarrement dans nos cinémas à nous, histoire sans doute d'essayer d'amortir un minimum les cachets des deux has-been qui y apparaissent. À ma gauche, Meg Ryan, ex-reine de la comédie romantique, qui préfère depuis quelques temps les tables d'opération aux plateaux de tournage. Alors c'est sûr, c'est du beau boulot : mademoiselle Ryan a l'air d'avoir 19 ans et demi. Sauf qu'elle a perdu tout le charme et le piquant qui faisaient sa personnalité. À ma droite, Antonio Banderas, que seul Robert Rodriguez continue à faire tourner de temps en temps (espérons pour lui qu'il y ait un Spy kids 5 ou un Desperado 3). Antonio est forcément ravi d'être là, puisqu'il se trouve face à une femme bien mieux liftée que sa propre épouse, Melanie "plastoc" Griffith, qui a elle aussi disparu de la circulation.
Ces deux-là cabotinent un max, et semblent même s'amuser à interpréter les dialogues hauts en couleurs du film de George Gallo. Pour situer le niveau, disons qu'un duo composé de Francis Perrin et de Judith Magre, mais il y a vingt ans, aurait tout aussi bien défendu un texte faisant passer toute comédie de boulevard pour du Bergman. Quiproquos pachydermiques, gags supra téléphonés, platitude de la mise en scène : tout y est pour faire passer un moment exécrable à un ou deux pauvres naïfs ayant cru un instant retrouver la Sally de Rob Reiner ou le Zorro de Martin Campbell. Ils en seront évidemment pour leurs frais.
1/10