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Création et Internet

Publié le 05 novembre 2008 par Malesherbes
Au cours de son histoire, l’homme a connu nombre de révolutions. Une des premières, permise par le développement de son cerveau, fut l’acquisition du langage articulé. Transformant les sons émis grâce à ses différents organes de phonation, larynx, cordes vocales, palais, langue, dents et lèvres, il parvint à créer des mots puis à les assembler, avec cette aptitude unique dans le monde animal à pouvoir comprendre des phrases qu’il n’avait pas entendues précédemment. Il devint ainsi capable, dans son environnement proche, de transmettre ou d’acquérir les fruits de l’expérience.
Avec l’invention de l’écriture, il s’affranchit des limites de l’espace et du temps, disposant ainsi de la communication à distance et entre générations éloignées. Puis la mise au point de l’imprimerie à caractères mobiles facilita dans des proportions extraordinaires la diffusion des idées, en abaissant considérablement le coût et la vitesse de reproduction des oeuvres.
Nous vivons avec Internet une révolution encore plus considérable. Grâce à ses moteurs de recherche, il nous est possible de localiser les informations susceptibles de nous intéresser et, selon les modalités d’accès aux sites qui les abritent, de les obtenir. Nous voici libérés des supports papier, avec la faculté de transmettre quasi instantanément toutes sortes de données, textes, images, sons, vidéos. C’est cette fantastique liberté que notre seigneur et maître a entrepris de brider.
Pour notre malheur, nous avons porté à la tête de notre pays un être avide de pouvoir, velléitaire, inculte, amoral, grossier et cupide. Loin de ses promesses de candidat, il se préoccupe surtout de protéger et favoriser sa famille et ses amis, sous l’influence d’une épouse séduisante et de conseillers sans légitimité. A l’abri de l’immunité présidentielle, il se permet d’insulter des citoyens mais n’hésite pas à poursuivre en justice les auteurs de propos injurieux non nominatifs par lesquels, on se demande pourquoi, il se considère visé. Il est parvenu à dominer la quasi totalité des médias. Un espace de liberté demeure, Internet. Il a donc entrepris de le réduire au plus vite.
Comme il a beaucoup de séduction et d’habileté, il opère sous le couvert de la défense de la liberté de création. Ce n’est qu’un faux-nez. Mis à part peut-être dans le cas de la production cinématographique, qui le plus souvent nécessite pour se réaliser d’un outil industriel, un artiste n’a pas besoin de moyens coûteux pour créer : de l’encre et du papier ou un ordinateur suffisent à un écrivain, une guitare et un micro satisfont un compositeur interprète. Par contre, pour accéder à la notoriété, il a besoin d’être diffusé. Et, dans ce domaine, rien ne surpasse Internet. Ce que M. Sarkozy entend défendre, c’est l’industrie du disque, des CD et autres DVD, qui ne ristourne d’ailleurs aux créateurs qu’une faible part du revenu de ses produits. D’où vient ce souci attendrissant pour un support vieillissant ? Je n’ose l’imaginer.
De même que les banques ne prêtent qu’aux riches, les majors du disque ne diffusent presque exclusivement que les artistes avec une notoriété bien établie. En soutenant ce support dépassé, on ne défend pas la liberté de création, on protège les intérêts de quelques uns. Il importe de mettre sur pied un système de rémunération des créateurs grâce à ce nouveau support de diffusion de leurs œuvres, pas de le tuer.
Si notre président avait été contemporain de Gutenberg, il aurait interdit l’imprimerie, au prétexte qu’elle allait priver de ressources ces braves copistes qui s’échinaient à reproduire manuscrit après manuscrit. Comme dans toute entreprise vivante, ces moines se sont tournés vers d’autres activités tout aussi rémunératrices. La culture et la création se sont développées et les moines sont toujours là.

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