Il faut avoir le courage de le dire, même au risque de troubler la liesse générale.
Je n’ai pas voté Barack Obama.
Et je n’ai pas voté Barack Obama parce que je ne suis pas citoyen américain.
Et comme je ne cherche pas à faire semblant d’être citoyen américain et registered democrat, guess what : je n’ai pas arboré de T-shirt “Vote Obama” comme un certain nombre de moronic frenchies que je croise régulièrement dans les rues, de Paris à Plouc-sur-Loire, frenchies incapables de construire une phrase décente en anglais, mais bien persuadés qu’ils doivent s’engager pour “leur candidat”, et que leurs vociférations grotesques vont changer quelque chose.
Bref, je n’ai pas cédé à la barackobamamania dont la France, ses médias comme sa population, est saisie.
La France, nous dit-on, voterait à 93 % pour Barack Obama. La France qui a voté Sarkozy comme un seul homme, pour un type qui s’est empressé de faire des cadeaux fiscaux aux plus riches (Obama veut revenir sur les réformes fiscales républicaines), qui a mis en place, séance tenante, un ministère de l’identité nationale, qui laisse se tenir à Vichy des assises de l’intégration, qui expulse à tour de bras (alors que Bush lui-même régularisait), à qui la division et la désignation de boucs émissaires tient lieu de politique, qui gère les problèmes sociaux en flanquant les plus pauvres en prison, qui nomme ministre des sports un type qui pense qu’il ne faut plus jouer au foot contre les pays du Maghreb…
On parle de la même France ? De la France ouverte, pas raciste, prête à voter pour un noir et à aider les pauvres ?
Ou alors de celle qui manifestait unanimement sa colère quand Jörg Haider est entré au gouvernement autrichien en 2000, et qui nous a ensuite envoyé Le Pen au second tour de la présidentielle en 2002 ?
La France a, décidément, deux grandes spécialités : battre sa coulpe sur la poitrine du voisin (Autrichiens, sale fachos!), et être progressiste quand ça ne se passe pas chez elle (les USA, c’est trop bien, ils votent pour un noir!).
Alors on peut être en liesse. On peut nous saouler du matin au soir en scandant le nom d’Obama. Cela n’en fait pas moins de la France un pays émasculé politiquement, qui se fait des frissons en songeant au changement qui survient chez les autres et au merveilleux programme social qui se concocte aux USA, mais qui, chez elle, se roule dans la réaction, la haine de la différence et la destruction de tout ce que des décennies de luttes sociales ont réussi à mettre en place
Les Américains ont voté Obama, et c’est formidable pour eux et pour les équilibres internationaux. Mais nous n’y sommes pour rien, et ici, ne l’oublions pas, on a voté Sarkozy…
Fucking morons.