L'élection d'Obama à la présidence des Etats-Unis me plonge dans des sentiments métissés.
D'abord je ne suis pas un anti-américain obsessionnel. Je fais la différence entre les gens et les dirigeants. Je ne suis pas convaincu que l'aphorisme selon lequel les peuples ont les
dirigeants qu'ils méritent soit toujours approprié. Je n'assimilais pas les Etats-Unis à George Bush, je ne les assimilerai pas à Barack Obama. D'autant que, si l'écart du nombre
de grands électeurs, entre Obama et McCain, est indiscutable, il est bien moindre au niveau du nombre de voix obtenues par chacun d'eux.
Ensuite l'Amérique est décidément le pays de tous les possibles : elle est capable de porter à la présidence un homme inconnu il y a quatre ans et d'exorciser les démons de
son passé. Elle a un enthousiasme, qui, même quand je ne le partage pas, est rafraîchissant, et que j'ai scrupule à vouloir doucher. Elle a un dynamisme que l'on retrouve dans la
façon même avec laquelle Barack Obama a fait campagne.
En qualité de catholique, c'est-à-dire de chrétien, pour qui tous les hommes sont dignes et respectables parce qu'ils ont en eux une parcelle de divinité - ils sont créés à l'image de
Dieu - je ne peux que me réjouir que la couleur de la peau du candidat élu n'ait pas joué de rôle dans l'élection américaine, sinon peut-être de la part, compréhensible, d'afro-américains,
et je ne peux trouver que délirant ceux qui veulent en tirer un argument dans un sens ou dans l'autre, comme l'a fait, par exemple, samedi dernier, Jean-Jacques Roth dans Le Temps
(voir mon article Le délire obamaniaque de Jean-Jacques Roth dans "Le Temps" ).
Enfin, bien que je sache que les promesses du candidat Obama ne seront pas obligatoirement tenues par le président Obama, je ne peux qu'être inquiet qu'il soit comparé à Roosevelt
aussi bien de la part de ceux qui le critiquent que de ceux qui l'adulent. Cela nous promet une durée de crise plus longue qu'elle ne devrait l'être. La religion de l'interventionnisme a
fait sa réapparition (voir mon article Avec l'élection d'Obama une grande dépression économique est en vue ) et Barack
Obama en est, hélas, un fervent adepte.
Toutefois pour tempérer ce dernier propos, pessimiste, je terminerai en disant que les choses changent plus vite aujourd'hui que dans les années 30. C'est un bienfait de la mondialisation des échanges, à ne pas confondre avec le mondialisme, qui n'est que de... l'interventionnisme planétaire.
Francis Richard