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L'Amérique a donc choisi Obama. Une révolution culturelle pour un pays marqué historiquement par le communautarisme et l'esclavage. En France, Nicolas Sarkozy s'est toujours prévalu d'un atlantisme décomplexé. Sarkozy, l'ami français de G.W. Bush En septembre 2006, Jacques Chirac encore président avait mal supporté le déplacement de son ministre de l'intérieur à l'occasion de la commémoration du 11 septembre 2001. Ce dernier s'était permis d'excuser la France pour son "arrogance" auprès du président américain. "Je reconnais que la France n’est pas exempte de reproches : bien qu’il me semble que nos désaccords aient souvent été légitimes, il y a différentes façons de les exprimer. Il n’est pas convenable de chercher à mettre ses alliés dans l’embarras, ou de donner l’impression de se réjouir de leurs difficultés. J’ai toujours préféré l’efficacité dans la modestie plutôt qu’une grandiloquence stérile. Et je ne veux pas d'une France arrogante et pas assez présente." Nicolas Sarkozy, discours le 12 septembre 2006. La campagne présidentielle démarrait, et le réalignement aux côtés de l'Amérique impériale faisait partie de la rupture sarkozyste. La droite décomplexée s'affichait ainsi atlantiste. "Si après 25 ans de vie politique, le seul reproche sérieux que l’on trouve à me faire est d’être trop proche d’un pays avec le quel nous n’avons jamais été en guerre, d’un pays avec lequel nous avons lutté dans le passé pour éradiquer le nazisme et avec lequel nous luttons aujourd’hui pour vaincre le terrorisme international, je me sens capable de l’assumer. Je vais même plus loin. Voici un pays qui connaît le plein emploi depuis près de quinze ans, un pays où la croissance économique est chaque année supérieure à la nôtre d’un point ou un point et demi, un pays où la démocratie combine harmonieusement l’alternance et la stabilité politique. Enfin un pays qui, en matière d’intégration, montre l’exemple : La moitié des prix Nobel y sont d’origine étrangère. Je ne suis pas un admirateur aveugle des Etats-Unis. Mais tout observateur de bonne foi devrait considérer que c’est un bilan qui n’est pas honteux, et que nous n'avons aucune raison d'être fâchés avec le peuple américain." (source: Sarko2007) Sarkozy, l'ami anachronique. Sarkozy revendiquait le modèle américain: le faible chômage, les crédits hypothécaires, ou Tom Cruise, tout est bon de l'autre côté de l'Atlantique. Pendant la campagne, il se montrait même en jean, à cheval en camargue, comme un Georges W. Bush de pacotille. Pour ses premières vacances présidentielles à l'été 2007, il rendit visite au président Bush. En novembre 2007, le président français a connu son heure de gloire américaine en s'exprimant devant le Congrès. A l'été 2007, Sarkozy n'a pas mesuré l'importance de la crise des subprimes. Un an plus tard, la tourmente financière, née en Amérique, emporte les places boursières mondiales. Sarkozy part un week-end en compagnie de Carla Bruni. Il ne sait pas quoi dire et prononce quelques platitudes en faveur d'une rénovation du système financier mondial (que dire d'autre ?). Il attendra encore 10 jours, à Toulon, pour commencer à se saisir du problème. Barack Obama, une vision différente Barack Obama défend une vision différente de l'Amérique idéalisée par Sarkozy. Il promeut davantage de régulation, comme une assurance maladie accessible au plus grand nombre car sponsorisé par l'Etat (quand son rival McCain en reste à soutenir le "marché libre" pour baisser les coûts de santé), ou le développement des médicaments génériques. En matière de politique étrangère, Barack Obama a pris de court le rapprochement sarkozyste. Il s'est déclaré en faveur d'un retrait américain de l'Irak. Pragmatique, il reste interventionniste, et souhaite le renforcement des actions américaines en Afghanistan, voire au Pakistan. Le président français le retrouvera là-dessus. « je crois toujours que l’Amérique est le dernier et le meilleur espoir de la planète. Il faut simplement montrer au monde po