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Dans une interview au Journal du Dimanche de cette semaine Dominique de Villepin ressort ses accents gaulliens pour évoquer les conséquences d’une victoire d’Obama à l’élection présidentielle. Mais comme l’air du temps fait que le discours de gauche est fashion il ouvre son propos par cette formule : « relisons Bakounine ; nous sommes nos propres maîtres ». Sarko avec ses références à Jaurès apparaît là comme un pâle social-démocrate. Mais Villepin poursuit : « ce sentiment que le candidat démocrate est le candidat de la planète peut introduire une confusion. Obama est séduisant, mais n’allons pas réinventer l’atlantisme s’il était élu ! L’Amérique n’est plus le centre de l’Occident qui n’est plus le centre du monde. Obama défendra les intérêts de son pays qui ne sont pas exactement les nôtres. » Voilà une formule, en effet, qui colle particulièrement à l’actualité de ce temps de crise. Ce point de vue rappelle en creux la distance qu’il y a entre l’ancien premier ministre et l’actuel président plus attaché on le sait à poser ses bottes dans les traces du grand frère américain. Elle ramène aussi un peu de gaullisme en matière de politique étrangère au moment où, simultanément, la droite française redécouvre la nécessaire place de l’Etat pour réguler l’économie et où l’on reparle même d’un ministère du Plan qui pourrait être confié à Henri Guaino lors du prochain remaniement ministériel. Pour revenir à l’élection américaine, Dominique de Villepin affiche aussi un certain réalisme au sujet de Barak Obama. « Attention à la théâtralisation, à l’idéalisation d’un homme providentiel. Obama porte un espoir mais aussi des incertitudes. Il développe des thèmes sociaux qui renvoient à Roosevelt. Mais il est aussi choisi par des lobbies financiers : la moitié de son financement vient des grands groupes, de dollars venus de Goldman Sachs…