Je viens de terminer le mal français, livre d'Alain Peyrefitte acheté il y a quelques temps pour 100 yens. Ce livre est encore tellement d'actualité. Les coulisses du pouvoir par un homme qui «en a vu» sont vraiment intéressantes à lire et son analyse très pertinente. La méthode utilisée et les exemples présentés mériteraient d'être mis en relation avec le cas japonais. Certe, il faudrait un blog entier pour faire quelque chose de qualité...
Dans tous les pays, il y a des anomalies qui irritent ses habitants, et je me demande si l'on ne retrouve pas de nombreux points similaires au Japon et en France et cela, malgré les différences culturelles. Parmi ces points, j'en note deux: le poids des mentalités et le poids de l'Administration.
J'ai un peu peur de m'aventurer dans le thème de ce premier points, au sujet des mentalités. Plus qu'une certitude, je me questionne de savoir si, malgré l'ère Meiji, la 2nd guerre mondiale, la bulle économique, bref, les grands évènement de l'Histoire récente du Japon, les mentalités profondes ont-elles changées ici ?
Quant au poids de l'Administration, j'ai un exemple qui pourrait ressembler à un exemple français comme ceux décrits dans le livre: la construction de l'Aéroport de Kobe. Je ne veux pas croire que seuls de politiciens aient pu mettre en oeuvre ce projet alors que dans la même zone venait d'ouvrir l'aéroport international du Kansai et que pour les ligne intérieurs, il y avait au nord d'Osaka, tout près d'Osaka, Itami. Il semble qu'il y ait des livres intéressants sur ce sujet, mais en japonais.
Il se fait tard, mais je pense revenir plusieurs fois sur ce sujet et cette comparaison intéressante (qui a dit que ce n'était pas intéressant ??!)
Discours pour la réception d'Alain Peyrefitte à l'Académie Française, par Claude Lévi-Strauss.
Extrait concernant Le Mal Français:
Un livre, Le Mal français ? On peut, me semble-t-il, en distinguer deux qu’il n’eût tenu qu’à vous de séparer. Mais leur union reflète les deux faces de votre personnage, qui sont en fait indissociables : celle du penseur, et celle de l’homme d’action. La seconde moitié du volume, que je fais commencer à la page 221, et qui aurait aussi bien pu être la première, rassemble pour l’essentiel vos expériences successives d’administrateur et d’homme d’État. Sur le mode plaisant ou grave, vous décrivez les obstacles auxquels même un ministre vient se heurter, lui aussi prisonnier des règlements et des habitudes, et, comme le citoyen ordinaire, en butte à ce que Renan appelait il y a un siècle : " l’impertinence vaniteuse de l’administration ". Non que vous éprouviez une satisfaction morose à dénombrer les échecs ; mais vous les croyez, avec raison, plus instructifs que les succès.
Jugés avec sévérité, contés avec humour, ces déboires vous fournissent l’occasion de pièces brillantes comme vous savez si bien les écrire. Le chapitre déjà célèbre sur les glaisiers du bassin d’argile de Provins, celui sur le projet d’adduction d’eau de Montereau, ont, avec quelques autres, leur place marquée dans de futures anthologies.
À ces descriptions et à ces analyses, la première partie de l’ouvrage fournit un cadre théorique. Vous y posez deux problèmes : l’un, qui concerne l’ensemble des sciences dites sociales et humaines, a trait au rôle des mentalités pour rendre compte des phénomènes de permanence et de changement. L’autre, plus particulier, et que le titre de votre livre met en exergue, se rapporte à la France et à la nature profonde de ces invariants que vous croyez déceler dans notre caractère national.