Le nouveau XXIème siècle,
Du siècle « américain » au retour des nations
C’est en effet une bonne nouvelle, l’histoire est en train de vaciller sous nos yeux et le monde ne voit toujours pas que l’Empire américain laisse la place au retour des Nations.
C’est en substance le message de Jacques Sapir, économiste, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’école économique de Moscou. Ce spécialiste de la Russie, fait suffisamment rare pour qu’il soit souligné, est aussi un épistémologue reconnu qui s’est illustré en 2002 par un ouvrage qui a fait date : Les trous noirs de la science économique, Albin Michel.
Pourfendeur des préjugés de la pensée libérale classique et orthodoxe, à mille lieues d’un penseur comme Hayek, il abat avec la rigueur d’un mathématicien la propagande économique de ce que l’on appelait jadis « la fortune anonyme et vagabonde ».
En 2006, il a ajouté à son tableau de chasse des ennemis du genre humain une critique sans concession des principes de la construction européenne dans un ouvrage publié au Seuil : La fin de l’Eurolibéralisme.
Dans Le nouveau XXIème siècle, Jacques Sapir décrit l’échec depuis 1991 de la tentation impérialiste américaine et de son modèle économique : la globalisation financière et commerciale.
L’émergence de nouvelles puissances, comme la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil, va mettre fin au monde unipolaire de « l’Empire des dettes » que sont devenus les Etats-Unis. L’accouchement se fera certainement dans la douleur, et nous commençons à en vivre les prémisses avec la crise actuelle, qui est avant tout une crise de la vampirisation de la finance anglo-saxonne sur l’ensemble de l’économie réelle. Mais c’est vers un nouveau paradigme que l’histoire nous mène : le retour de la notion de souveraineté.
En cela l’élection en 2007 de Nicolas Sarkozy fut une élection pour rien. En l’élisant, les français ont fait le choix du passé pensant préserver l’avenir, ils ont fait un calcul et en ont pour leur argent. Le personnage disparaîtra avec la disparition de l’Empire global qui lui sert de tuteur et de nourrice.
17 ans après le stupide article de Fukuyama, du CFR , sur « la fin de l’histoire », ce simulacre de la pensée hégélienne qui en est une véritable contre-façon, l’humanité découvre qu’elle a un nouveau cap : le retour des nations.
Jacques Sapir, Le nouveau XXIème siècle, Seuil, 2008, 251 pages, 19 €.