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The Visitor

Par Critikacid
The VisitorPrenez en vieux marabout universitaire, peau parcheminée, lunettes épaisses, casanier, blindé d'ennui, veuf, et au sens de l'humour proche du néant.
Plongez-le dans une New York bien agitée pour lui, au milieu de personnes qui lui soient on ne peut plus étrangères, deux immigrés, l'un musicien syrien, l'autre sénégalaise.

Et observez le résultat.

Ce point de départ aboutit à des richesses inattendues.
La caméra caresse des personnages nimbés de musique et d'espoirs, confrontés au meilleur et au pire de l'Amérique. 
Le meilleur : le bouillonnement new-yorkais. Le pire : une politique envers les étrangers qui sans doute aucun a servi de modèle à Sarkozy et son âme damnée Hortefeux, lequel vient de se signaler en réunissant un sommet sur l'immigration à ... Vichy.

Comme le lâchera Hiam Abbas (cantonnée dans un rôle qui évoque trop les citronniers pour qu'on s'en satisfasse), "on se croirait en Syrie" : dès lors qu'il s'agit des immigrés clandestins, l'arbitraire le plus total, le silence et les tracasseries bureaucratiques règnent en maîtres.
Occasion pour les spectateurs de ressortir ou de se procurer le Coloniser, exterminer d'Olivier Lecour-Grandmaison dans lequel il démontre que les traitement infligés aux peuples colonisés a toujours servi de laboratoire et de point d'appui aux forces les plus réactionnaires. The Visitor en offre l'illustration dans les Etats-Unis du patriot act.
C'est sans doute là la plus grande force de ce film : prendre des personnages relativement conventionnels, et tout particulièrement cet archétype de professeur, et tout à la fois faire se fendre son armure poussiéreuse (grâce à la musique) et s'en servir pour dénoncer la politique menée par le gouvernement Bush - dont, en ce jour d'élection, on peut affirmer hélas sans crainte qu'Obama n'y changera rien d'essentiel.
On notera en particulier les deux scènes où les forces de l'ordre intiment l'ordre menaçant à ce citoyen américain comme les autres de se tenir à l'écart de leurs agissements. Ne pas rester à l'écart, voici une morale - celle d'un film par ailleurs bien fait et bien joué, dont la douceur automnale contraste avec la violence sous-jacente qu'il évoque- qui nous convient tout à fait ! 



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