Issu de la deuxième vague des artistes pionniers de la techno de Detroit, il commence sa carrière au début des années 90. À force de fréquenter les clubs comme The Music Institute et The Shelter qui diffusent ce nouveau genre musical, il fait rapidement la rencontre d’un des dj résident du Shelter, le canadien Richie Hawtin (aka Plastikman, F.U.S.E.), et devient son ami. Lors de l’une de leur virée nocturne en voiture, les deux comparses tombent sur une radio locale qui diffuse l’émission d’un certain Derrick May, « Mayday », le surnom qu’il s’est donné à l’antenne. L’écoute du mix de ce dernier, véritable patriarche de la techno, les décide à s’investir dans ce style musical en plein développement. Ce n’est qu’à partir de 1992, poussé par Hawtin et John Acquaviva, qu’il crée son propre label, Art of Dance, et façonne sa signature musicale. Ainsi, lorsqu’il est signé par Warp pour son premier lp, Azimuth, sorti en 1994, il a déjà réalisé nombre de petites réussites sous les pseudos de Dark Comedy, Yennek ou Pod. Cette même année 1994 où, agressé par balle par deux inconnus, il manque de rester sur le billard. Son entrée dans la légende attendra… Un deuxième album, Metaphor, le consacrera meilleur artiste techno de l’année 95 par le magazine Metro Times.
Keys, Strings, Tambourines contraste avec la signature habituelle du dj, quelque part entre le minimal et l’ambiant. Souvent dépouillée, austère à la limite du jansénisme, son électronique s’apprécie dans ses larges esquisses. Le mouvement donné à l’album a la particularité de s’écouler naturellement, créant un effet de vases communicants entre chaque piste. Son flow n’est plus cet IDM mêlé de touches raves, industrielles, proches de celle de Jeff Mills, qui caractérise ses premiers enregistrements. Techno souful à la Dark Comedy, il s’affranchit de ses vieux schèmes pour mieux se laisser porter par sa sensibilité musicale, sur label de Carl Craig, Planet E. Minimal, certes, mais chargé d’émotion, chaleureux et même organique, son album propose une série d’instantanés qui se dévoilent progressivement. Le titre éponyme, "Keys, Strings, Tambourines", première réussite, pourrait résumer à lui seul l’album. Une toile tissée, solidement accrochée à de multiples influences : house, jazz, techno, dub. Tout comme "Wake Me" porté par les seuls remous de larges nappes de claviers, ou par le prêche (encore un !) de "You Are". L’ensemble, malgré ses quelques clins d’œil vers le passé, est bien ancré dans le présent. Loin de la foule des avatars prétentieux de minimale, qui peuplent dorénavant des labels comme, au hasard, M-nus. Alors, non, rien de rien, non, Kenny Larkin ne regrette rien.
En bref : Ce quatrième album en pierre de taille, d’une techno moins abrupte que les précédents, regorge d’ornements ciselés qui se laissent apprécier à chaque nouvelle écoute.
Keys, Strings, Tambourines
You Are... Light
Son MySpace
Celui de Dark Comedy
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