D'une part, les avis divergent quant à l'issue du scrutin. Certains prédisent la victoire du premier candidat noir à la tête des Etats-Unis, bien qu'en fait il soit métis, mais les Américains ne résonnent pas en ces termes et ne font pas de telles subtilités. Ils estiment l'Amérique prête à franchir un cap dans l'affirmation des droits civiques ou bien ils parient sur le désamour pour Bush et la lassitude que sa politique protectionniste envers le grand capital et son entêtement en Irak ont engendré. « "Ma mère, répond un jeune stratège démocrate, faisait samedi, du démarchage en Pennsylvanie. Elle sonne chez un couple de vieux ouvriers blancs, leur demande pour qui ils voteront et savez-vous ce qu’ils répondent ? « Pour le nègre » - pas pour le Noir. Pour le Nègre. Croyez-moi, dit-il, l’Amérique est si fatiguée des Républicains que même les racistes ordinaires voteront Obama" », rapporte Bernard Guetta dans sa chronique sur France Inter.
D'autres s'avèrent plus réservés, refusant de se fier aux sondages alors qu'à plusieurs reprises, des candidats noirs favoris se sont fait battre le jour des élections. Car il paraît que les préjugés raciaux sont difficilement détectables dans les sondages. C'est ce que l'on appelle l'effet Bradley-Wilder : les sondés disent une chose, pour ne pas exprimer ouvertement leur racisme, mais votent autrement dans le secret de l'isoloir. (source Télérama)
Le fait est que cette élection est plus que particulière. Car c'est vraiment la première fois qu'un candidat de couleur est en lice pour le poste de Président. S'il s'était agi de deux candidats blancs, à la vue des sondages, le résultats serait plié pour tout le monde. Or ce n'est pas le cas. L'Amérique, l'Afrique et, avec eux, le monde entier retiennent leur souffle. Certainement jamais encore une élection n'aura autant passionné les médias internationaux car l'élection de Barack Obama promet de faire entrer les Etats-Unis, et souhaitons-le, le monde avec, dans une nouvelle ère.
Aujourd'hui comparé à Kennedy, pour sa jeunesse, son charisme, Obama véhicule un indéniable glamour en plus d'une verve politique dont Joe le plombier himself n’aura pas réussi à venir à bout, ni même à destabiliser. Obama parle bien, Obama parle juste quand son adversaire multiplie les gaffes et les approximations, flanqué d’une candidate à la vice-présidence qui ne serait là, en fait, que pour aider Mc Cain à dégommer le candidat démocrate, à conforter l'électorat blanc traditionnaliste et à remporter l'élection. Croit-il réellement en les capacités de sa future Vice-Présidente ?
Inexpérimenté mais redoutable stratège, fin discoureur, sa campagne électorale a été menée avec intelligence grâce à un programme marketing efficace. Son projet a réussi à inspirer confiance non seulement aux gens de la middle-class, premières victimes de la récession qui se pointe, mais aussi aux grandes entreprises, aux grandes fortunes qui ont levé des fonds importants pour ce candidat.
De même, et suivant une tradition bien établie, Hollywood s'est rangé aux côtés du candidat démocrate, mais cette fois avec vigueur et conviction. De Leonardo DiCaprio à Matt Damon, de Bruce Springsteen à George Clooney, les suffrages pour Obama s'annoncent comme un véritable raz-de-marée sur les côtes Est et Ouest du Show-Biz américain. Leonardo DiCaprio a d'ailleurs estimé récemment « qu'avoir un président afro-américain nommé Barack Obama correspond aux vrais idéaux et rêves de l'Amérique ».
Cependant, si nous, Européens, voyons un formidable espoir pour le monde de demain dans l'éventuelle accession d'Obama à la présidence des Etats-Unis, si nous y voyons une promesse d'apaisement entre les communautés et de paix notamment au Proche-Orient, qu'en sera-t-il vraiment de la politique de ce nouveau président ? Qu'est-ce qui va réellement changer sur cette planète s'il est élu ?
Ne perdons pas de vue qu'Obama est pour la peine de mort, pour la vente d'armes libre. Faut-il par ailleurs s'attendre à un retrait de l'armée américaine en Irak ? Cela semble fort peu probable dans l'immédiat tant la situation y est complexe, et un retrait massif ne ferait qu'aggraver les choses. Les Américains peuvent certainement tabler sur un retrait partiel, mais selon Bernard-Henri Lévy, qui avait rencontré le jeune Sénateur de l'Illinois en 2004, c'est du côté du Pakistan que vont se concentrer les efforts de ce nouveau Président. Et par ailleurs, s'il est toujours disposé à demeurer l'allié d'Israël, il devrait travailler en priorité à la création d'un État palestinien. (source Le Parisien)
Pouvons-nous également espérer une ratification du protocole de Kyoto ? un vrai chantier pour enfin une sécurité sociale universelle, peut-être long à aboutir ? une meilleure redistribution des richesses ?
C'est indéniablement une révolution, un tremblement de terre que s'apprêtent à vivre les USA ce soir, tard dans la nuit, si ce jeune sénateur au look de play-boy et aux allures de gendre idéal prenait les commandes de la première puissance mondiale. Le monde s'attendrait alors à ce qu'il en fasse une puissance régulatrice, tant sur le plan politique qu'économique. Un espoir qu'il ne faudra pas décevoir.
Pour en savoir plus, lisez : Le formidable article publié par Télérama le 2nov-08 Un article passionnant de JelizaRose sur l'Obamafashion