Mœurs. Un homme de 47 ans condamné à six mois de prison. Il organisait des rencontres coquines pour sa concubine.
Ancienne actrice de films pornographiques et mère de deux enfants en bas âge, Sylvie, 22 ans, (le prénom a été modifié) donne rendez-vous à ses clients via son site internet. Depuis deux ans, elle et son compagnon, 47 ans, tous les deux originaires du Morbihan, sillonnent les grandes villes de France, tels deux « commerciaux » du sexe, pour engendrer les bénéfices.
Jeudi dernier, dans une chambre d’hôtel du quartier de Montaudran à Toulouse, les enquêteurs de la police judiciaire ont mis fin à cette « tournée » coquine et pathétique.
Dans les pièces de cette chambre de location, le compagnon prend des photos des passes que propose sa concubine tout en « veillant sur elle », explique-t-il, assis sur une chaise.
Car la règle du jeu, elle est précisée sur les sites et les blogs de Sylvie, « pas de pénétration, uniquement des fellations… »
Dans l’autre chambre, il y a les enfants, un bébé de huit mois et un garçonnet de trois ans surveillés par la jeune sœur de Sylvie, 15 ans, malentendante, qui réchauffe les biberons. C’est elle qui s’occupe de ses petits cousins quand la grande sœur « travaille » dans la chambre d’à côté.
50 € LA PASSE
Ces derniers jours à Toulouse, comme ces derniers mois, à Paris, Nantes ou Montpellier, le couple « très bien organisé », selon un enquêteur, gère ce business sur internet en famille.
Le compagnon prend les rendez-vous, de 15 à 20 personnes par jour pour deux séances de fellation, à 14 heures et 21 heures, à 50 € la passe. Il envoie un SMS aux clients pour confirmer et leur donner le numéro de la chambre.
Cet homme s’est retrouvé vendredi devant le tribunal correctionnel, en comparution immédiate, pour « proxénétisme ». « Impensable ! », s’étonne le couple à des années lumières de concevoir que leurs activités tomberaient un jour, à ce point, sous le coup de poursuites pénales.
C’est pourtant ce qui est arrivé. Profil bas dans le box des prévenus et visiblement fatigué par deux jours de garde à vue, l’homme avoue son étonnement.
« Les rendez-vous via internet, l’organisation des tournées, la gestion des gains… sont autant d’éléments qui encouragent, facilitent et favorisent la prostitution. C’est une forme moderne de proxénétisme », explique un enquêteur de la PJ.
Condamné à six mois de prison, sans mandat de dépôt, le compagnon de Sylvie est sorti libre du tribunal. Mais devra effectuer sa peine de manière aménagée dans le Morbihan.
La montée en puissance de la prostitution de salon
L’inquiétude des hôteliers n’y change rien. Impuissants pour certains face à la déferlante de filles qui squattent une chambre d’hôtel durant trois à quatre jours, ils assistent au défilé quotidien de clients filant tout droit vers les numéros de chambre. À Toulouse, de nombreux hôtels dont des hôtels de luxe n’échappent plus à ce phénomène.
« Si on refuse uniquement sur des suspicions, on peut-être taxés de faire de la discrimination sans raison. Si on accepte de les laisser entrer, on peut être poursuivis par la justice pour complicité de proxénétisme… Alors que doit-on faire ? », s’interroge une hôtelière, non loin du canal du Midi. La prostitution de salon, plus sûre que la prostitution de rue, monte en puissance avec le phénomène des escortes girls sur internet.