Magazine Cinéma

Crimes à Oxford d’Alex de la Iglesia

Par Geouf

Résumé: Novembre 1993. Martin (Elijah Wood) est un étudiant américain passionné de mathématiques et dont le rêve est d’avoir le célèbre Arthur Seldom (John Hurt) comme directeur de thèse. Malheureusement, le professeur Seldom ne prend plus d’étudiants sous son aile depuis des années. Les deux hommes finissent cependant par se rencontrer lorsque la logeuse de Martin, une amie de Seldom, est assassinée chez elle. Ils vont devoir faire équipe pour mettre fin aux agissements d’un mystérieux tueur en série passionne de mathématiques…

 

Avec Crimes à Oxford, l’excellent Alex de la Iglesia (réalisateur entre autres du savoureux Mes chers Voisins) s’impose un double défi de taille : tourner un film en langue anglaise en dehors de son Espagne chérie, et abandonner la comédie grinçante pour réaliser un thriller. Un pari réussi puisque Crimes à Oxford constitue une excellente surprise dans ce genre ultra balisé.

Mais comme de la Iglesia n’aime définitivement pas faire les choses comme tout le monde, il fait de son film un Cluedo grandeur nature (référence avouée lors d’une des scènes du film), soit une expérience ludique et stimulante pour le cerveau où la logique est reine. Le film est donc un immense plateau de jeu, avec ses lieux précis en nombre défini (l’université, la maison où habite Martin, l’hôpital, le commissariat) et ses personnages bigger than life (l’inspecteur à la grosse voix et grosse moustache, l’étudiant russe étrange, le mathématicien fou aux membres coupés…). De la Iglesia crée donc un univers irréel dans lequel les héros ne travaillent pas vraiment mais passent leur temps à enquêter, les coïncidences remplacent la logique, et chaque petite action a des conséquences gigantesques. Le rythme est sautillant, l’enquête passionnante, à la fois dans sa logique, mais aussi dans les questions philosophiques (la quête de la vérité et ses conséquences) qu’elle pose.

Mais si de la Iglesia réalise un film à la teneur plus sombre qu’à l’accoutumée, il n’en oublie pas ce qui fait la force de son cinéma : son amour immodéré pour ses personnages, surtout les plus déjantés. Elijah Wood et John Hurt forment un tandem d’enquêteurs parfait, se renvoyant la balle lors de dialogues savoureux, tandis que la plupart des seconds rôles sont tout à fait marquants. La petite amie du héros n’est pas une simple potiche et leur séparation finale fait réellement mal, Jim Carter campe un truculent inspecteur de police dépassé par les événements, et on a même le plaisir de retrouver notre Dominique Pinon national dans le rôle d’un allumé tragique. A la logique froide et implacable de ses personnages et des mathématiques, le réalisateur oppose au final une solution totalement guidée par l’émotionnel. La réalisation de de la Iglesia est elle aussi une fois de plus impeccable, évitant la surenchère mais proposant son lot de séquences marquantes. On se souviendra notamment du long plan séquence précédant la découverte du premier meurtre, ou d’une excellente poursuite sur les toits lors d’un concert en plein air.

Jubilatoire et extrêmement ludique, la dernière réalisation du moins connu des réalisateurs ibériques (alors qu’il a du talent à revendre) n’en oublie pas de délivrer une certaine noirceur lors d’un final malin et laissant un gout amer dans la bouche du spectateur. Tout simplement un des films de l’année, malheureusement injustement boudé.

Note : 9/10


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Geouf 149 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines