« Je suis un agent de nettoyage dans un hôtel et je dois quitter tard mon travail. Mais ma femme croit que je vais ailleurs avant de rentrer à la maison », aurait précisé l'homme, un dénommé Behrouz, devant le juge en charge du dossier. En ajoutant : « Tous les soirs, lorsque je rentre à la maison, ma femme qui est de grande taille et très forte me bat ».
Oui, c'est vrai, la République islamique est un pays dominé par la culture patriarcale et les lois religieuses. Mais les Iraniennes l'ont prouvé au cours de ces dernières années : elles ont appris à dire « non ». Pétitions en faveur de la parité hommes-femmes, manifestations devant les stades pour assister aux matchs de football - interdits à la gente féminine -, mobilisation contre la polygamie et la lapidation des femmes adultères... Elles sont prêtes à tout pour défendre leurs droits. Quitte à en payer le prix fort. Intimidations, arrestations, et convocations aux services de renseignements font partie du triste quotidien des féministes les plus chevronnées...
En privé, cette rébellion prend d'autres formes. Plus éduquées (60 % des étudiants sont des étudiantes) et mieux informées (grâce à la parabole clandestine et à l'Internet) que la génération d'avant, elles sont désormais plus exigeantes - et plus calculatrices - que leurs mères quand elles se trouvent en face de leurs maris. Ainsi, il est actuellement de bon ton de négocier, avant le mariage, le montant de la dote à la hausse, en prévision du pécule qu'elles pourront mettre de côté en cas de divorce. On ne sait jamais...
Dans cet Iran chiite, où l'ijtihad permet une interprétation des textes religieux, elles bénéficient d'ailleurs du soutien de certains clercs réformistes, tel l'ayatollah Sanei, qui se rangent souvent de leur côté. L'épouse de Behrouz, le mari brimé, aurait-elle d'ailleurs été inspirée par une nouvelle fatwa, prononcée par l'ayatollah libanais Fadlallah qui, depuis Beyrouth, vient récemment d'encourager les femmes battues à taper, à leur tour, leurs maris ?