Un calendrier interminable, véritable chemin de Compostelle du militant, une qualité d’électeur alambiquée (65.000 adhérents devront se remettre à jour de cotisation pour pouvoir voter), une multitude de textes, des contributions puis enfin des motions. Le 6 novembre ne mettra pas un terme au chemin de croix. Après le vote des militants sur les 6 textes d’orientation se tiendra, à Reims, du 14 au 16 novembre le Congrès constitué à la proportionnelle des résultats obtenus par les motions.
Pas de conclusion hâtive. Le scrutin de jeudi ne préfigurera pas automatiquement la future majorité du congrès d’autant que le résultat s’annonce serré entre les motions Aubry, Delanoë, Royal et même Hamon. Faute d’une majorité claire (absence de motion dépassant les 50%), le Congrès de Reims devrait donc être celui de tous les petits arrangements. Enfin, dans un troisième temps, le 20 novembre, les militants seront à nouveau appelés aux urnes pour élire le prochain premier secrétaire et potentiel candidat à la présidence…
Le paysage actuel est singulier. Pour la première fois depuis 1997, la majorité sortante au sein du PS a explosé et le premier secrétaire n’est pas candidat à sa succession. François Hollande mise sur cette peur de la majorité introuvable pour dramatiser la situation et appeler à voter en faveur de la motion Delanoë. Au yeux du député de Corrèze, un match nul serait synonyme de paralysie entre les candidats à sa succession.
La portée de l’appel devrait cependant être très restreinte. François Hollande avec sa recherche permanente du compromis reste le capitaine d’un navire qui a fait naufrage. Son engagement derrière Bertrand Delanoë a fini d’altérer sa crédibilité. De gardien du temple, il est passé au statut de partisan intéressé.
Dans ce contexte, la lassitude des militants est proportionnelle à leur indécision. Dans le quotidien Les Echos, Patrick Delpech, Secrétaire fédéral de la Sarthe, indique que « 40 à 50 % des adhérents n’ont toujours pas choisi ». Tout pourrait donc se jouer dans la dernière ligne droite sachant que le camp vainqueur pourrait être celui des abstentionnistes. En effet, toujours selon le quotidien économique, « les pointeurs du parti tablent sur une participation avoisinant 120.000 à 130.000 personnes ». « Personne n’a de véritable pointage”, a confirmé François Hollande lors d’une rencontre avec la presse.
Ce que l’on sait en revanche, c’est l’importance du nombre d’adhérents qui n’ont pas renouvelé leur carte. Après avoir frôlé les 300 000 adhérents, on évoquait en mars, rue de Solférino, un chiffre maximum de 276 500. On devrait être plus prés des 230 000. Rémi Lefebvre observateur avisé du PS avance une explication: « En fait le parti n’a jamais cherché à recruter. Deux logiques en tension permanente guident le comportement des élus locaux qui varient entre un enracinement notabilier hors la section et la nécessité de faire des cartes pour assurer son investiture et peser lors d’un congrès ». A ce titre la vague des nouveaux adhérents provoquée par les cartes à 20 € s’est soldé par des tensions entre nouveaux et anciens qui ont vécu le phénomène comme une véritable dépossession de « leur » parti.
Peu importe. Alors que l’entourage de Martine Aubry adepte de la méthode Coué pronostique un “résultat surprise” de la maire de Lille jeudi soir, les amis de Benoît Hamon multiplient les appels au vote utile, persuadé que la crise actuelle donne raison aux analyses de l’aile gauche du PS.
Insidieusement, François Hollande, invité dimanche soir de l’émission politique France Inter-i-Télé-« Le Monde », a demandé aux adhérents de choisir la motion dont les signataires ont toujours respecté le vote des militants. Directement visés, les partisans de Laurent Fabius, alliés du moment de Martine Aubry mais aussi Manuel Valls et la motion Hamon.
La page du référendum européen de 2005 ne semble pas prête d’être tournée et continue de constituer un véritable clivage dans le parti. Elle porte il est vrai sur une règle essentielle à la survie de toute organisation démocratique : le respect par la minorité des décisions adoptées par la majorité.
Dans ce pêché originel, François Hollande, comme premier secrétaire qui n’a pas fait respecter la discipline du parti, porte une lourde responsabilité. Au moins un point commun avec Laurent Fabius : celui d’être responsable mais pas coupable.
Henry Moreigne pour IntalK.fr