Sur le site de l'Aped se trouve un appel à conserver ce fameux décret.
Suivent une liste d'arguments.
Comme il n'est pas possible de répondre sur ce site, je le fais ici:
1. « Le décret est une atteinte à la liberté de choix », entend-on dire souvent. C’est faux. Il donne au contraire à des familles moins prévoyantes ou jadis écartées pour divers motifs l’occasion de voir enfin concrétisée leur liberté de choix.
Ce n'est pas la réalité que je vis autour de moi. On a vu l'an passé ce que cela a donné.
Cette année-ci, ce sera encore pire: les parents auront tout le temps de multiplier les inscriptions, en tout cas les "parents prévoyants".
2. le tirage au sort garantit moins d’arbitraire que n’importe quel autre critère. Dans un pays aussi libéral que les Etats-Unis, le tirage au sort est d’ailleurs une procédure politique pleinement légitime. Dans certains districts, où le choix de l’école est possible, le tirage au sort y est utilisé avec le même objectif qu’ici.
C'est méconnaître la réalité sur le terrain. C'est même injurieux pour grand nombre d'écoles qui ont toujours tout fait pour aider les parents dans leur choix.
Il faudra évaluer les résultats dans deux ans. Des élèves ont été inscrits dans des écoles qui ne leur conviennent pas. Ils devront y rester deux ans. Avec tous les dégâts qui en découlent.
3. « Les enfants qui ne seront pas à leur place seront malheureux ». De quels enfants parlent ceux qui disent cela ? Des enfants issus de milieux protégés, obligés de fréquenter l’école de second choix (mais tout de même réputée) ? Des enfants moyennement doués que les familles (si imprudentes !) auront osé inscrire dans une école dite exigeante ? Ou des enfants socialement défavorisés que les familles (imprudentes elles aussi !) veulent propulser dans une école de « riches » ? Des trois enfants, ceux qui courent les plus grands risques sont les deux derniers. Leurs familles ne se plaignent pas du décret mixité. Les défenseurs du principe de liberté devraient être cohérents jusqu’au bout en laissant ces familles libres de choisir et, puisqu’ils sont soucieux du bien de l’enfant, en soutenant la direction de leur école quand celle-ci fait du soutien à ces élèves sa priorité
Puisque l'on appelle à la cohérence, soyons le! Les enfants "issus de milieux protégés", seront soutenus par leurs parents. Ils patienteront deux ans et iront dans l'école qui leur convient.
Les autres, moins soutenus, se décourageront. Et seront relégués dans des écoles "moins attirantes".
4. « La mesure n’accroîtra pas la mixité sociale. » Les promoteurs du décret savent qu’il ne pourra à lui seul supprimer la ségrégation sociale à l’école. Il y a en effet d’autres facteurs qui contribuent à ce que des enfants fragiles ne viennent pas frapper à la porte des écoles sélectives (ségrégation résidentielle, autosélection…). Cet aveu devrait plutôt rassurer les opposants au décret. Mais les concepteurs du décret témoignent aussi de prudence en ayant évité d’imposer un niveau élevé de mixité, car une équipe enseignante habituée à un type de public ne peut, du jour au lendemain, prendre en charge efficacement un autre public. Le décret introduira un peu plus de mixité. Et la modération est plutôt, ici, gage de réussite.
C'est un aveu. Surtout "une équipe enseignante habituée à un type de public ne peut, du jour au lendemain, prendre en charge efficacement un autre public". C'est donc bien reconnaître que ce décret ne changera rien, bien au contraire.
Une démarche intelligente aurait été de d'abord mettre en place les outils qui auraient permis de mieux accueillir les enfants plus faibles, et ensuite seulement imposer une mixité dite sociale.
5. « Le décret va faire baisser le niveau des bonnes écoles. » Ceux qui affirment cela pensent dès lors – en partie à raison – que les performances scolaires d’une école dépendent davantage de son public que de son corps professoral. Ce qu’ils redoutent donc, c’est que la présence d’élèves moins doués compromette les performances des élèves doués. A cela, plusieurs réponses : 1. Le Parlement, unanime, a défini comme objectif du 1er degré l’atteinte des socles de compétence pour tous et non l’excellence pour quelques-uns. 2. Le décret mixité ne va pas modifier radicalement la composition des publics. 3. L’hétérogénéisation des acquis tend à profiter aux plus faibles sans handicaper les plus forts. Un bémol tout de même : les équipes enseignantes doivent être équipées pour pouvoir développer une pédagogie adaptée. Les moyens attribués au 1er degré ont d’ores et déjà été renforcés. Il est impératif que suive le soutien qualitatif aux équipes.
Deuxième aveu et de taille.
Le choix est donc clair, on veut diminuer les différences entre les "meilleurs" et "les moins bons".
Le choix inverse aurait été de "rendre tous les élèves meilleurs". C'est un peu comme si on avait forcé Justine Henin à faire du tennis de table et Jean-Michel Saive du tennis. La différence de niveau entre les deux aurait diminué, mais le "niveau moyen" aussi.
C'est le débat principal.
Voulons-nous élever le niveau ou bien simplement uniformiser le niveau.
C'est honteux pour les élèves qui ont certaines qualités.
Il aurait été plus intelligent de parfaire l'orientation des élèves. Et d'avoir comme principe de rendre excellent chaque enfant, que ce soit dans des études intellectuelles ou manuelles.
6.« Commençons par faire en sorte que toutes les écoles soient de qualité. » Assurément, il faut accompagner les écoles dont les résultats sont moins bons. Mais rappelons que ces faibles performances sont surtout associées aux caractéristiques du public scolarisé. Il faut mener de front les deux actions. Après tout, depuis le temps que les discriminations positives existent, ces écoles ont rarement pu quitter la « queue de peloton » car elles cumulent les handicaps. En ne misant que sur le soutien aux écoles moins performantes, on attendra dès lors encore longtemps que toutes les écoles soient également performantes.
Discrimination positive? Mais qu'a-t-on vraiment fait pour ces écoles, sinon envoyer plus d'argent, plus de profs?
C'est de nouveau l'enjeu principal; comment améliorer le niveau de ces écoles.
certaines se battent chaque jour pour rendre leurs écoles meilleures. mais comme ces écoles ne tombent pas dans le vocable "D+", elles n'ont pas plus de moyens.
Je lis sur le site "enseignons.be" "Le ministre s’est engagé à venir en aide à ces écoles en difficulté.1 Avant la fin de l’année, il proposera un décret allant dans ce sens. Pour ce faire, il a rencontré ces dernières semaines toutes les directions des écoles en discrimination positive."
Je soutiens à 100% cette inititive du ministre. car le problème est là, et pas ailleurs.
7.« Le système insécurise les familles. » Durant un temps seulement. Le 15 décembre au plus tard, toute famille ayant sollicité une inscription saura si son enfant est ou non accepté. L’insécurité se niche dans la phase précédente, quand la famille ne veut pas prendre le risque de miser toutes ses chances sur une seule école. Cela explique le recours aux multiples inscriptions.
Le 15 décembre, les familles sauront qu'elles sont sur des listes d'attente. Elles attendront le plus tard possible pour choisir.
8. « Le système insécurise les écoles. » Les écoles, en raison des multiples inscriptions et de l’absence d’un système crédible pour gérer ce problème, ne connaîtront leur effectif réel qu’à la rentrée. En effet, nombre de familles ayant obtenu plusieurs places ne signaleront pas nécessairement à l’école de leur second choix que leur place est désormais vacante. Quand cette école, à la rentrée, s’en rendra compte, elle pourra puiser dans sa liste d’attente, retirant ainsi peutêtre un élève d’une autre école. Et ainsi de suite. Ce phénomène n’est pas vraiment neuf, mais il risque d’être amplifié à cause du fort sentiment d’insécurité des familles. C’est le vrai talon d’Achille du décret. C’est pourquoi nous pensons qu’il ne faut pas attendre la rentrée de septembre pour gérer ce problème, ni laisser les écoles se débrouiller seules. Avant les élections régionales, il faut que chaque enfant soit inscrit dans une et une seule école.
C'est de nouveau méconnaître la réalité du terrain. La procédure est lourde: quand une place se libère, il faut prévenir les parents du premier sur la liste d'attente. Ensuite attendre 3 jours. En l'absence de réponse, on recommence. Et on arrive au 30/9 avec parfois encore quelques places de libres.
Et ne parlons pas du pédagogique: un élève commence début septmbre dans une école et change d'école pendant le mois de septembre!
Rappelons quelques liens:
Le site "eleves"
L'absurdité de la définition "enfant défavorisé"
La circulaire expliquant le fonctionnement du décret mixité
Christian Dupont qui déclare vouloir l'excellence pour tous, donc le contraire de ce qui est écrit ici.
Pourquoi ne pas simplement augmenter la qualité?
Cours particuliers, la norme?
Les réactions dans le Forum du Soir
La liste des "écoles défavorisées" est secrète (cela s'appelle la transparence)
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 13 février à 12:01
Zéro pointé. Une roue de charrette. Une grosse bulle. Le décret mixité, c’est l’exemple par l’absurde qu’une politique mal préparée, avec des bouts de ficelles et sans réelle étude d’impact, ne peut aboutir. Bulle d’inscriptions multiples, bugs informatiques, interprétations différentes entre différents établissements. Christian Dupont a raison sur un point : qu’est-ce qui a vraiment changé par rapport à avant ? Et bien selon moi : l’appel d’air vers les écoles de qualité pointées par les files d’abord puis par la longueur de la liste d’attente ensuite. Donc de l’ultra-libéralisme faisant les beaux jours de la dualisation de l’enseignement. Ensuite, le coût administratif incroyable nécessaire pour accueillir les parents endéans une période courte, pour traiter les dossiers multiples, pour assainir les listes et avertir les parents,… Enfin, la détresse psychologique énorme conséquente de ces inepties démagogiques. Des enfants en souffrance, des parents fragilisés (parfois même dans leur couple), des directions prises d’assaut et des équipes pédagogiques attristées de ces messages contre-productifs pour leurs images. L’échec scolaire dans tous cela, secondaire ! car l’important est l’égalité des chances d’entrer dans l’école, pas d’en sortir ! Donc, si une balance est faite entre les points positifs et les points négatifs, le décret mixité est l’un des décrets les plus couteux en temps, argent et perte d’image pour le Ministère de l’Enseignement alors que ses effets réels sur l’encadrement des plus faibles est proches de la bulle. TOUS les participants qui ont poussé, préparé et voté ce texte sans en percevoir les enjeux réels et les incidences concrètes (les associations de parents les avaient pointées elles anticipativement mais sans succès d’estime à l’époque), devraient être mis hors jeux et rendre leur tablier. Ils ont montré leurs limites. Le seul qui mérite de rester est celui qui a déclaré qu’il s’était trompé : Christian Dupont. Mais avec une nouvelle équipe et de nouveaux parlementaires à la Commission Education. Comment imaginer un seul instant que ceux qui ont voté ce texte vont le déclarer caduque et voter son contraire ? La roue tourne mais les hamsters semblent morts… Ils se laissent guider par la rotation d’inertie en attendant que le mouvement s’arrête de lui-même… Le problème : il y a plusieurs centaines d’enfants (en décomptant les multiples inscriptions) qui eux aussi sont dans l’incertitude de ce balancier irréfléchi et hors de tout comité de pilotage…