Jeune Garde 87 : à 2 jours du vote des militants, quel regard portez-vous sur la campagne interne qui vient de se dérouler et pour quelle raison appelez-vous à voter pour la motion A présentée par Bertrand Delanoë ?
Jean-Pierre Demerliat : du 14 au 16 novembre prochain, les Socialistes tiendront à Reims leur 75ème Congrès.
Ce sera une des dernières et la plus importante des étapes du long cheminement qui aura abouti à l’élaboration de leur stratégie politique et à la désignation de leurs responsables à tous les niveaux, dont le Premier Secrétaire du Parti ; ils seront élus le 20 novembre.
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler brièvement le processus selon lequel les Socialistes élaborent leur projet et élisent leurs dirigeants. Ils sont pratiquement les seuls à pratiquer de cette manière, la plus démocratique qui soit.
Tout d’abord, des camarades ont proposé des « contributions » qui ont été diffusées auprès de tous les adhérents, discutées, amendées, -sans vote à ce stade. Ensuite ces contributions se sont transformées, parfois en fusionnant avec d’autres, en « motions ». Les motions sont des propositions soumises à l’examen et au vote de l’ensemble des militants. Les signataires de ces motions ont vocation à être candidats à des postes de responsabilités à tous les échelons. Les militants débattent à tous les niveaux (sections, fédérations et au Congrès), et ils votent sur les textes (le 6/11). Enfin, ils élisent, à bulletin secret, leurs secrétaires de section, leurs Premiers Secrétaires fédéraux et leur Premier Secrétaire national (le 20/11).
Il est évident que ces deux scrutins préoccupent de manière différente les militants, les élus et les responsables : certains s’intéressent plus au fond, à la doctrine, à l’orientation, au projet ; d’autres sont plus attachés à l’élection de leaders en qui ils ont le plus confiance ou qu’ils connaissent le mieux. (Quelques-uns penseraient même, avant de se positionner, à leurs intérêts propres…).
Chez les responsables de motion, si certains et certaines sont plus enclins à peaufiner leur image personnelle, d’autres s’intéressent davantage au fond.
Le théorème dit « de Guy Mollet » qui veut que le parti se prenne par la gauche, a encore ses partisans : on voit ainsi, dans un rassemblement dit « de la gauche » du parti, des gens qui il y a seulement quelques temps ne pouvaient pas se rencontrer sans s’étriper (politiquement bien sûr…), proposer une politique d’économie administrée irréalisable dans la France d’aujourd’hui - mais qui est réputée plaire en ces temps troublés….
Il y en a même qui, jusque là plutôt « centristes » (pour être poli…), s’allient avec des ex « modérés » qui, eux, depuis plus longtemps, se sont « auto-gauchis », tentant de faire oublier qu’ils ont, naguère, notamment baissé la fiscalité sur les stock-options, entre autres joyeusetés…
Enfin, d’autres empruntent à la fois à la politique américaine et au monde du spectacle pour tenter de s’attirer les faveurs des militants.
En ce qui me concerne, chacun le sait, je me suis très tôt engagé en faveur de la contribution présentée par Bertrand Delanoë et ses proches, puis dans la motion A, dont les premiers signataires sont Bertrand Delanoë, François Hollande et Pierre Moscovici, par fidélité politique et personnelle. Je considère aussi et surtout que ce sont ces propositions et ces signataires qui sont le mieux à même de répondre aux besoins de ceux de nos concitoyens que nous avons vocation à défendre.
Bertrand Delanoë, lui, a toujours dit, contrairement aux autres leaders, qu’il était candidat pour conduire le PS, si ses camarades portaient ses idées en tête de leurs suffrages. Il a toujours déclaré également qu’il faudrait, le temps fort de la concurrence passée, rassembler tous les Socialistes, en vue des luttes à venir. Il a toujours affirmé, clairement, que l’heure du congrès n’était pas celle de la future présidentielle. Lui, il n’a attaqué personne, ni fait de faux procès à qui que ce soit, ce qui n’a pas toujours été le cas chez nos camarades et amis, -mais momentanément concurrents le temps d’un congrès.
En outre, ce n’est pas non plus sur ceux qui le soutiennent que pèsent des soupçons de fraude massive lors des votes en sections…
Ses propositions -nos propositions-, sont sans équivoque : respect des décisions élaborées et votées démocratiquement par les militants -(cela ne vous rappelle rien ?…), pas d’alliances contre nature, ni au plan local, ni, à plus forte raison, au plan national.
Bertrand Delanoë et les signataires de la motion « A », veulent, comme l’a fait avec succès François Mitterrand, rassembler les Socialistes, rassembler la Gauche - celle qui veut réellement changer les choses et non pas faire le jeu de la droite, puis rassembler la grande majorité des Français qui ont intérêt personnellement, économiquement, politiquement et moralement à ce que cela change rapidement dans notre pays.
Une majorité de Socialistes semble souhaiter que Bertrand Delanoë soit leur prochain Premier Secrétaire. Il en a la volonté, il en a la capacité et avec lui, le Parti sera vraiment dirigé et respecté.
Mais pour cela, il faut que la motion A, sa motion, recueille un maximum de suffrages des militants : en effet, le vote sur les textes et le choix des responsables sont étroitement liés, même s’ils ont lieu à des dates différentes.
Jeune Garde 87 : au lendemain des élections présidentielles et législatives de 2007, vous avez choisi de démissionner de votre poste de Premier Secrétaire fédéral. Quel regard portez-vous sur la gestion de la fédération 87 depuis votre départ et ce que vous souhaitez pour son avenir ?
Jean-Pierre Demerliat : responsable de la Fédération Socialiste de la Haute Vienne pendant près de 20 ans, j’ai démissionné, vous le savez, au lendemain des législatives de 2007, pour les raisons que j’ai rendues publiques à l’époque (et pour quelques autres que j’évoquerai probablement un jour…).
J’aurais souhaité que mes camarades choisissent alors, à un an et demi du Congrès, un Premier Secrétaire démocratiquement élu par l’ensemble des militants de la Haute-Vienne, ce qui lui aurait donné une vraie légitimité et, partant, une vraie autorité.
Le choix a été différent et un premier secrétariat collégial provisoire de six camarades s’est mis en place. Comme cela se produit lorsque les responsabilités sont diluées, l’autorité manque, personne ne veut prendre de décisions qui pourraient apparaître comme étant impopulaires. Conséquence logique : les résultats des municipales et des cantonales de 2008 n’ont pas été ceux que l’on pouvait légitimement attendre.
Demain, il est impératif que les Socialistes de la Haute-Vienne choisissent un (ou une) Premier Secrétaire jeune, apportant un sang neuf, politiquement incontestable, n’étant susceptible d’être instrumentalisé par personne et qui soit en mesure de rassembler tous les Socialistes pour avec son équipe, faire repartir d’un bon pied cette Fédération, une des premières de France.
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