"L'Allemagne a-t-elle remplacé la France comme le plus turbulent allié des Etats-Unis en Europe ?", se demande "The Economist". Après un bon départ entre Angela Merkel et George W. Bush en 2005, toutes les frustrations allemandes à l'égard des Etats-Unis sont de retour, écrit l'hebdomadaire. Sur presque tous les dossiers de politique internationale, les positions de Berlin irritent Washington.
A l'Otan, en avril, la chancelière allemande s'est même opposée au projet américain d'ouvrir des négociations sur une adhésion avec l'Ukraine et la Géorgie. Un rôle d'opposant que tient traditionnellement la France dans cette instance. Après l'invasion des troupes russes en Géorgie, l'Allemagne a joué la carte de l'apaisement. De même avec l'Iran, Berlin a fait preuve d'un certain scepticisme face au durcissement des sanctions contre le régime des mollahs et en Afghanistan, un certain nombre de règles limitent l'engagement des troupes allemandes dans les zones de combat.
Pour "The Economist", l'un des problèmes de l'Allemagne aujourd'hui, c'est qu'elle ne peut plus se cacher derrière la France alors que le président Nicolas Sarkozy envisage un retour dans les structures militaires intégrées de l'Otan. "Berlin, c'est le nouveau Paris, là où les discussions dures ont lieu", affirme un diplomate américain. Et la campagne de presse fait aujourd'hui rage aux Etats-Unis contre l'Allemagne. Le "Wall Sreet Journal" accusait l'Allemagne d'avoir le pouvoir économique pour obliger l'Iran à abandonner ses ambitions nucléaires mais par pur intérêt de ne pas l'utiliser. Il est vrai que l'Allemagne est le premier exportateur occidental en Iran et la Russie est l'un des marchés en forte croissance pour elle. Bien entendu, selon "The Economist", l'Allemagne se défend de ces suspicions arguant du fait que Berlin a avant tout l'avantage de pouvoir discuter avec presque tous les pays. Et comme de nombreux dirigeants européens, les Allemands espèrent qu'il sera plus facile de traiter avec le prochain président américain qu'avec George W. Bush. Mais l'approche de la campagne électorale en Allemagne risque de retarder le moment où Berlin dira "oui" aux demandes du prochain occupant de la Maison-Blanche.
Source du texte : LES ECHOS.FR